Vaincre ou mourir, le film survivant ?


Posté par Thomas Debesse le 02/03/2023 à 19:30. cc Licence CC by (copiez-moi !)

Vaincre ou mourir, le film survivant
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Le film « Vaincre ou mourir » sorti au cinéma en janvier 2023 a suscité un ensemble de réactions et j’ai envie de répondre à certaines choses que j’ai entendues qui m’ont semblées pour le moins curieuses. Peut-être puis-je participer à nourrir une réflexion sur le cinéma, le film historique, notre relation à l’histoire et au cinéma, etc.

Je ne vais pas vraiment faire une critique du film lui-même car après presque un mois énormément de choses ont déjà été dites, et je vous propose de partir de certaines choses que j’ai entendues comme base de conversation.

Vaincre ou mourir, le film survivant

[Générique]

J’ai entendu dans la vidéo de la chaîne Intercut sur ce film l’animateur de la chaîne aborder avec raison le fait que Vaincre ou Mourir a été financé par le CNC et Canal+. Et puis il dit :

« parce qu’en France si tu veux sortir au cinéma, il faut que t’ai une aide du CNC […] Le CNC a donné cette aide. Le CNC a donc voulu que Vaincre ou Mourir ait le droit d’exister et d’être projeté sur grand écran. » (Intercut)

C’est intéressant parce que ça rappelle que le concept de subvention est à la fois celui de l’aide et celui du pouvoir. Cette personne rappelle aussi que Canal+ a investi près d’un million d’euros, et ajoute :

« serai-je en train de dire que Vaincre ou Mourir s’inscrit en fait parfaitement dans le système dénoncé par tous ceux qui en font son argument artistique principal, celui d’être exclu du système, ben écoutez, oui. » (Intercut)

Mais si ce film a réussi à valider toutes les étapes de la production et de la distribution dans ce système, on ne peut pas pour autant se servir de ce film pour affirmer qu’il n’y aurait donc pas d’opposition ni de difficulté systémique. Il s’agit d’un biais de sélection qu’on appelle le « biais du survivant ».

Je donne un exemple de ce qu’est le biais du survivant. Quand le 3 janvier 1943 un bombardier américain est abattu à 6000 mètres d’altitude, un des membres d’équipage est éjecté des restes de l’avion mais son parachute a été détruit dans l’attaque. Il tombe de 6000 mètres sans parachute et aterrit précisément sur la verrière de toit de la gare de Saint Nazaire qu’il brise avant de toucher le sol. Blessé, il survit. Eh bien voyez on ne peut pas tirer de ce cas particulier une règle générale. Pourtant les lois physiques qui lui ont permis de survivre sont exactement les mêmes qui vous tueront si vous essayez de faire de même. Sa survie est parfaitement intégrée au système. Mais si vous vous tentez l’exercice et que vous mourez, votre mort sera parfaitement intégrée au système. Si ce film est un premier film, où sont les autres ? Eh bien l’absence de tous les autres est autant intégrée au système que ne l’est l’existence de ce film.

Il y a tout un ensemble de facteurs, un agencement de conditions qui se sont réunies au bon moment au bon endroit pour que, cet homme survive d’une chute de 6000 mètres, et pour que ce film sorte au cinéma. Supposer que cette survie serait une généralité, c’est une faille dans le raisonnement.

Le fait que le film Vaincre ou Mourir a été financé par le CNC et produit par StudioCanal n’est pas suffisant pour affirmer que ce genre de film en France s’inscrit parfaitement dans le système de production.

Au contraire, le constat qu’il faille cet agencement de conditions particulières pour que ce film existe, argumente en faveur du caractère exceptionnel de son avènement. Ça peut donc servir d’argument pour soutenir l’idée contraire que l’environnement ne lui serait pas favorable de manière générale. Parce qu’il y a une confusion entre le fait que quelque chose soit parfaitement intégrée à son environnement et le fait que l’environnement lui soit favorable de manière générale. Il est possible que l’intégration parfaite de quelque chose à son environnement, ce soit la mort en général, et l’éventualité d’une survivance exceptionnelle.

Le film Vaincre ou mourir est produit par le Puy du fou, et si Vaincre ou Mourir en est le premier, le Puy du Fou a plus de trente ans d’expérience dans la représentation de loisirs inspirés de sujets historiques. Le directeur du Puy du Fou Nicolas de Villiers est de la famille de Philippe de Villiers, ancien Secrétaire d’État à la Culture sous François Mitterrand et ancien Président du Conseil Général de la Vendée dont il a eu la fonction pendant plus de 20 ans. On peut donc comprendre qu’effectivement le Puy du Fou avait le réseau suffisant pour que le Conseil Général de la Vendée puisse faire attribuer une subvention du CNC pour produire ce film. Certains détracteurs relèvent aussi que la participation en production de StudioCanal en pointant du doigt le fait que le groupe Canal+ est désormais partie du groupe Vivendi, contrôlé majoritairement par Vincent Bolloré dont ces mêms détracteurs précisent qu’il serait catholique. Ça commence à faire beaucoup à devoir mettre dans la balance pour permettre l’existence d’un film quand même. Un environnement favorable n’en demanderait pas autant.

De plus, si la critique identifie une certaine inexpérience dans la production de ce film malgré de tels soutiens, ça n’argumente pas en faveur d’une existence ordinaire, et ça commence même à remettre en cause l’idée d’une parfaite intégration dans l’environnement. Car autrement des collaborateurs plus expérimentés auraient pu être impliqués. On ne peut pas à la fois qualifier le résultat de téléfilm comme certains l’ont fait, invoquer les soutiens extra-ordinaires qu’il a reçu dans son développement, et en même temps, affirmer qu’il serait le fruit parfaitement intégré de son environnement. En fait il faut choisir. Parce que si on affirme que ça ressemble un téléfilm, alors ça suppose que l’industrie pour produire ce genre de film en est encore à l’étape du balbutiement.

Si, pour pouvoir produire sur le sujet particulier de Charette ou des guerres de Vendée ce qui ne serait encore qu’un premier film avec des défauts, il faut racheter Canal ? La marche est haute quand même.

En plus on parle de cinéma alors, racheter Canal et avoir le Conseil Général dans sa poche, ce ne sont pas des compétences de réalisation. Donc si le film serait intégré favorablement dans son environnement de production, le résultat serait peut-être différent.

Quand Daniel Rabourdin a réalisé son docufiction La Rébellion cachée sorti en 2017 sur le sujet des guerres de vendée, il a pu lui aussi faire participer Reynald Sécher comme l’a fait Vaincre ou Mourir. Dans le générique de son docufiction on voit citer comme consultant Hubert de Torcy, le président de Saje Distribution qui est justement la société qui distribue Vaincre ou Mourir, et qui distribue aussi La Rébellion cachée. Mais avec ce réseau pour faire un film sur le même sujet, Daniel Rabourdin n’a pas réunit ces soutiens-là, ni les financements qu’a reçu Vaincre ou Mourir.

Ce qui s’est passé avec Vaincre ou Mourir est une exception. Peut-être est-ce le signe que cela devient plus facile, mais ça, on ne le sait pas encore. Il faut transformer l’essai pour le vérifier. Aujourd’hui c’est une exception, le film « vaincre ou mourir » est un survivant. Sera-t-il le père d’une lignée, on ne le sait pas encore.

Pourquoi Saje distribution ?

Un point qui a été relevé par plusieurs personnes ou média, y compris l’animateur d’Intercut, c’est que ce film serait distribué par, (6+) « une obscure société de distrib, qui s’appelle Saje production, qui n’ont juste jamais sorti de film à grande ampleur, jamais, et qui est spécialisée dans le film de cinéma chrétien ». Mais justement parlons-en, comment se fait-il que la distribution d’un tel film se fasse par une société confidentielle ? Parce que si ce film était favorablement intégré au système de financement, de production et de distribution cinématographique, pourquoi ce serait Saje qui distribue le film et pas une entreprise qui aurait plus d’expérience et de galons ? Ou bien pourquoi Saje est-elle encore confidentielle ?

D’ailleurs pourquoi ce n’est pas Studio Canal qui distribue Vaincre ou Mourir, c’est une vraie question j’aimerai bien savoir, parce qu’ils participent déjà au film Vaincre ou Mourir, et Studio Canal est par exemple la société de distribution de Reste un peu de Gad Elmaleh, qui traite déjà d’un sujet de foi, même si ça reste une comédie.

On ne peut pas à la fois vouloir expliquer que ce film serait confidentiel à cause du fait que sa société de distribution serait confidentielle, et en même temps affirmer que ce film serait parfaitement intégré au système dans lequel il est produit, parce que dans ce cas-là, soit le Puy du fou aurait choisi une autre société de distribution que Saje, soit Saje serait un pilier incontournable de la distribution de film en France, et c’est Saje qui aurait distribué Reste un peu

Saje a commencé à distribuer des films en 2012 et s’est notamment fait connaître en 2014 en important le film Cristeros. C’est important qu’on aborde ce sujet parce qu’il y a une certaine similitude avec ce qui se passe avec Vaincre ou Mourir.

Le film Cristeros est un film produit au Mexique avec un budget à faire pâlir de jalousie celui de Vaincre ou Mourir : 12 millions de dollars, c’est trois fois plus que Vaincre ou Mourir. Il a été réalisé par Dean Wright qui est connu pour son travail sur les effets spéciaux de Titanic, Le Seigneur des anneaux ou Le Monde de Narnia, et le film présente un casting que ne pouvait se payer Vaincre ou Mourir, entre Peter O'Toole, Andy García ou Eva Longoria. Cristeros est beaucoup plus intégré dans le paysage du cinéma d’outre atlantique que ne l’est Vaincre ou Mourir dans le paysage du cinéma français. Ce qui rapproche Vaincre ou Mourir et Cristeros c’est que le sujet de Cristeros est celui de la persécution anti-catholique au Mexique au début du XXe siècle. Le conflit se transforme en conflit armé suivi d’une épuration. En 1935, 17 états du Mexique ne comptent plus un seul religieux sur leurs sols.

En 2014 on aurait pu dire… franchement, pour distribuer Cristeros, faire appel à une société de distribution inconnue qui existe depuis un an et demi, est-ce qu’on a pas un réseau de distribution existant en fait ? Ben il faut croire que non.

En 2023, presque dix ans après, pour distribuer Vaincre ou Mourir c’est toujours Saje qui s’y colle en fait. Heureusement qu’ils sont là. Je ne vois pas le personnage de Charette ni le sujet des guerres de Vendée dans le catalogue de films produits et distribués par EuropaCorp. Qu’est-ce qui les empêche ? La matière est là pourtant ! On ne peut pas vraiment prétendre que Vaincre ou Mourir serait parfaitement intégré au système et en même temps s’étonner qu’il soit distribué par Saje.

En 2004 déjà, il y a presque 20 ans, il n’a pas été facile d’importer et distribuer en France le film La Passion du Christ de Mel Gibson. C’était le Tunisien Tarak Ben Ammar qui avait pris en charge la distribution en France.

Il y a un point supplémentaire sur lequel on peut comparer Vaincre ou Mourir et Cristeros, c’est le fait que dans certains endroits, des gens ont organisé les séances eux-mêmes pour qu’ils puissent voir ce film. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui ont négocié avec un cinéma la projection du film qu’ils veulent voir, et ont fait eux-mêmes la prévente de la séance avec leur propre réseau, ça peut être par exemple une paroisse. Ça nous dit qu’il y a un besoin de ce genre de film qui n’est pas satisfait. Il y a un besoin de production et un besoin de distribution qui ne sont pas satisfaits, et là ce n’est pas la faute de Saje parce que justement Saje permet à ces initiatives de réaliser cette distribution, en étant des acteurs locaux. En fait Saje a certainement beaucoup plus d’expérience et un meilleur réseau que StudioCanal quand il s’agit de répondre à un besoin où ce sont les initiatives locales qui font venir le film chez eux, quand c’est ton voisin qui te prévent ta place de cinéma pour un film dont il a organisé la projection dans le cinéma de ton quartier.

À la fin de la projection du film Cristeros des gens ont applaudi, et il y a eu de nombreux témoignages de personnes disant la même chose du film Vaincre ou Mourir. C’est un fait qui est rapporté de lieux et de personnes différentes. Alors certainement que parmi ces personnes il y avait des gens bienveillants, acquis à certaines causes, partisans peut-être, mais ce sont des gens dont le besoin n’est ordinairement pas satisfait.

Ces films-là répondent à des besoins, il est juste que ces besoins soient satisfaits, il est juste que ce genre de film soit réalisé plus souvent. Si certains sont critiques à l’égard de Vaincre ou Mourir parce qu’ils ne le trouvent pas assez bon, la réponse à ce constat devrait être simple : j’espère qu’il y aura mieux alors… Parce que maintenant, j’attends l’épisode d’Intercut « Ces films comme Vaincre ou mourir… en mieux ! ». Et il y a une condition, c’est que ça doit être une production française sur une histoire française puisque l’hypothèse de base [*de départ] était que ce film serait parfaitement intégré à son environnement de production. Ces films comme Vaincre ou mourir, en mieux, s’ils existent, donnez-les-moi…

Le souvenir d’une souffrance réelle

Un point qui me tient à cœur, c’est la pudeur et la délicatesse que j’ai retrouvée dans ce film. C’est étonnant parce que je n’ai vu personne en parler, ou alors ça été dénoncé de manière indirecte.

La question de la pudeur et de la délicatesse est importante parce que ce film aborde des faits qui ont été vécus par une population qui en a encore aujourd’hui la mémoire.

Dans mon travail il m’est arrivé d’apporter mon savoir faire technique dans la captation et la diffusion d’événements traitant par exemple du devoir de mémoire au sujet des déportations nazies. La question de la mémoire est importante pour bien d’autres drames aussi, que ce soit par exemple le génocide arménien ou ce qu’a subi en France la population vendéenne, pour ne citer qu’eux. Et on sait que selon les parties, c’est plus ou moins facile de traiter ces sujets.

Quelqu’un qui serait un peu attentif à notre héritage culturel français, régional, va entendre des bribes de ces histoires. Le groupe Tri Yann a fait redécouvrir au grand public dans son album La découverte ou l’ignorance de 1976 la chanson en langue bretonne La levée des 300 000 hommes (Galvadeg en tri kant mil soudard) De très nombreuses personnes connaissent cette chanson aujourd’hui, car l’album est disque d’or. Mais plutôt que de vous avoir fait écouter le version de Tri Yann, je vous ai fait écouter une interprétation plus confidentielle, chantée par la chorale Dugelez Breiz. C’est une chanson bretonne. En français l’extrait que j’ai choisi dit « On avait demandé Quatorze de Langonnet, Quatres autres de Brezel, Et sept du Faouet ». Cette chanson parle de la levée des 300 000 hommes en Bretagne, quand le nouvel État révolutionnaire à Paris décide de conscrire des hommes pour faire la guerre pour la démocratie avec ses canons. Cette chanson exprime la tristesse de ces villages qui voient leurs hommes partir au combat dans une guerre qui ne les concerne pas, une guerre qui est d’ailleurs conséquence de la révolution. Celui qui a habité à côté du Faouet, quand il entend cette chanson, elle lui parle personnellement.

C’est cette même levée des 300 000 hommes, cette fois-ci en Vendée, que l’on voit au début du film Vaincre ou Mourir. Au refus suit la révolte. À la révolte suit de violentes représailles. La population a vécu ces choses et s’en souvient. Dans le film est évoquée la guillotine, mais aussi les noyades de Nantes, et toutes sortes de crimes à l’égard de la population. Le souvenir de ces choses est une mémoire vivante. C’est un des effets du traumatisme de se souvenir du drame. Et ce souvenir n’est pas mauvais en soi, il fait partie du vécu, il fait partie du deuil lui-même. La cicatrice fait partie de l’homme qui survit. Celui qui voudrait faire taire ce souvenir ajouterait du drame au drame en ajoutant du déni à l’objet du deuil. Ce silence, ce déni serait une insulte supplémentaire. La mémoire participe à une construction civilisationnelle. Celui qui a vécu en Vendée connaît les noms des lieux qui sont évoqués dans les histoires de ces guerres de Vendée. La Vendée fait partie de la vie des hommes qui y vivent ou y ont vécu, et l’histoire de la Vendée parle à ces hommes.

Il existe toute sortes de chansons populaires autour des guerres de Vendée ou de la Chouannerie : des chants de marche, à chanter sur la route, des chants de veillée, à chanter au coin d’un feu, dans une expérience installée dans le territoire, dans la mémoire, et dans un peuple. Dans la chanson « les bleus sont là » on chante « Les bleus sont là, le canon gronde, dites les gars avez-vous peur, vos corps seront jetés à l'onde, vos noms voués au déshonneur ». Quand Écran Large affiche « Vaincre ou Vomir », les gens qui ont écrit cela actualisent 230 ans après cette volonté de vouer au déshonneur les noms de ces gens. La chanson continue « les bleus chez vous dansant la ronde boiront le sang de votre cœur ». Il y a quelque chose de violent dans cette expression du souvenir, mais ce serait ajouter de la violence à la violence que de lui préférer le déni. Préférer le déni, ce serait être complice de la volonté d’anéantissement.

Quand dans Écran Large Antoine Desrues écrit « À la vue de Vaincre ou mourir, on espérerait presque que l’enfer existe réellement pour y voir ses responsables prosélytes et réactionnaires y brûler avec délectation », je me dis mais, oui en fait, ce qu’il décrit là, c’est le concept de base de ce que l’on a appelé en Vendée la colonne infernale, où les villages ont été incendiés, et où les gens ont été littéralement jetés au four, au feu, pour y voir avec délectation y brûler ces dits prosélytes et réactionnaires.

Le massacre des Lucs-sur-Boulogne a fait entre 500 et 590 victimes, y compris de très nombreuses victimes civiles. Le 28 février 1794, 110 enfants âgés d’un mois [* de 15 jours] à sept ans sont massacrés dans l’église du Petit-Luc. Certains des acteurs de ce massacre se seraient vantés d’avoir éliminé des « grenouilles de bénitier accrochées à leurs reliques », ce qui ajoute au meurtre de masse et à l’horreur de ce massacre d’enfant la dimension intentionnelle d’une persécution relative à la foi et donc à la coutume de la population visée. En fait on connaît le prénom, le nom et l’âge de chacun de ces enfants. Ce n’est pas un souvenir lointain, anonyme. Certaines personnes en lisant la liste retrouverons leur propre nom, et ont peut-être dans leur famille, un cousin, une cousine qui font partie de ces enfants assassinés à un âge entre un mois et sept ans par des soldats de l’armée française.

La pudeur du réel

J’avais de l’appréhension avant de voir Vaincre ou Mourir, mais j’ai été agréablement surpris de ne jamais ressentir de malaise, pas par rapport aux événements du film mais par rapport à sa réalisation. En particulier, rien ne m’a arraché à l’immersion, rien ne m’en a fait décrocher. Et ça, je pense que c’est digne d’être relevé. Vaincre ou mourir a trouvé la pudeur nécessaire pour traiter d’un sujet historique de mon pays, dont les personnages sont de mon pays, ont vécu des événements réels, sur une terre à laquelle je peux me rattacher.

Avant de voir ce film je n’avais jamais assisté à une quelconque production du Puy du Fou. Je ne suis jamais allé au parc et n’ai jamais vu un seul de leurs spectacles. Donc ce film est le premier contact que j’ai eu avec ce qu’ils produisent. Je n’avais pas d’a priori sur le film, si ce n’est que, parce que c’est un premier film et un petit budget j’étais prêt au cas où le résultat me déplairait. Je connaissais par contre déjà le sujet du film mais ça, ça a tendance à me rendre plus critique et moins indulgent.

Parce que je connais un peu le sujet, certains pourraient me dire, mais Thomas, ne serais-tu pas déjà convaincu ? Si tu nous dis que tu as aimé ce film, ne serait-ce pas parce qu’il raconte une histoire pour laquelle tu aurais une affection préalable ? Ben en fait non, il est plus difficile à un film de me plaire quand il touche à des éléments de mon identité, de mon pays, de ma langue ou de ma culture. Parce que je suis plus exigeant, parce que je suis beaucoup plus à vif.

Quand un film met en scène des personnages, une histoire, un caractère bien français, il arrive souvent que ce film provoque en moi un malaise. La source de ce malaise, c’est une pudeur. Voyez, un peu comme si quelqu’un me montrait du doigt. Parce que ces sujets me sont proches, je suis plus sensible et plus critique. Et Vaincre ou Mourir a réussi à faire ce qu’énormément de films français échouent.

Je donne deux exemples bien connus du cinéma Français. Le film Astérix et Obélix contre César de Claude Zidi, sorti en 1999, il m’avait causé un malaise tout au long du film, parce que justement je connais bien Astérix, et puis je connais bien la langue, je connais bien l’humour d’Astérix, je connais le caractère français, certains diraient franchouillard, de ces personnages, à la fois dans la BD et dans le film. Quand je regarde le film, j’ai l’impression que quelqu’un me regarde et me dit, c’est ça l’humour de ton pays ? C’est gênant en fait. Mon second exemple, c’est Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet sorti en 2001. Ce film exagère tout, les personnages, les décors, l’environnement, et représente un Paris de carte postale, non pas celui qui existe en vrai, mais celui qu’on imagine, dans l’intimité de son imaginaire. Et voyez, j’ai posé le mot d’intimité. C’est un peu comme si quelqu’un racontait un de vos rèves à votre place. Le film me suggère quelque chose à l’intérieur de moi puis dit publiquement à l’écran ce qu’il m’a suggéré, ce faisant il viole mon fort interne. Ça produit un malaise. Et puis dans ces deux films il y a ce sentiment que, ce n’est pas vrai, c’est pas possible en fait, ça en fait trop, et ça ça me fait décrocher du film. Certaines emphases un peu trop appuyées m’arrachent à l’immersion du film.

Je n’ai pas trouvé cela dans Vaincre ou Mourir. J’ai donc été respecté par le film et son réalisateur. Et certains diront que la voix off est peut-être trop présente, que le film pourrait plus montrer que dire, peut-être, mais au moins le film ne fait pas cette erreur très gênante de suggérer un ressenti puis de dire tout haut ou de montrer bien grassement ce que le spectateur a ressenti dans l’intimité de son affect et de son imaginaire.

Trop souvent dans un film français il y a un moment où je ne peux m’empêcher de voir desFrançais qui jouent des Français et qui se regardent jouer des Français qui seront regardés par des Français, et voir l’acteur se sentir obligé de trahir qu’il est un acteur, qui a honte de lui-même, et qui a besoin d’exprimer un peu de distance avec ce qu’il fait parce qu’il n’assume pas, et où même le sérieux devient comédie aux dépens du Français. Je ne supporte pas cet espèce de message que les acteurs envoient trop souvent au visage du spectateur, « ne me prends pas trop au sérieux dans mon jeux parce que je n’ai rien à voir avec ça ». Vaincre ou mourir ne fait pas ça. Il y a une différence entre agir français dans son jeu et jouer un français, et dans le film ils ont agi français.

Certains réalisateurs y arrivent et parfois n’y arrivent pas, Luc Besson ne tombe pas dans ce piège quand il réalise Nikita, par contre il tombe à fond dans ce piège et c’est insupportable, quand il réalise Lucy, avec les personnages des policiers français. J’espère donc que ce n’est pas une exception chez Puy du Fou Films et que leurs prochains films continueront dans cette même dynamique, sans faire cette erreur.

Vaincre ou mourir touche à des faits réels et à l’imaginaire que l’on construit au contact de ces faits réels pour internaliser la connaissance, et à aucun moment le film ne m’a manqué de la délicatesse nécessaire.

Le traitement de la violence et le traitement de l’histoire

En parlant de pudeur, le film Vaincre ou Mourir est économe dans la violence graphique qu’il présente à l’écran. Il peut y avoir beaucoup de raisons à cela. Beaucoup ont dit que cela révélait à leurs yeux un manque de moyens, ce qui est bien possible étant donné le budget de ce film.

Une deuxième raison pourrait être la volonté de conserver un large public. Ça se défend, et ça peut être critiquable, parfaitement. Par exemple dans un tout autre genre, certains considèrent que le fait de se limiter dans la violence pour ne pas restreindre l’audience est une des raisons qui conduisent les derniers films de la franchise Terminator à ne pas se permettre d’être un film Terminator et donc de ne pas pouvoir satisfaire son cœur de cible. Mais si le cahier des charges demande que le film soit tout public, et qu’on n’est pas d’accord avec ça, c’est le cahier des charges qu’il faut critiquer.

Il y a une troisième raison qui peut motiver à limiter la représentation de la violence, de recourir plus à la suggestion et à user d’ellipses, c’est que le film relate une histoire vraie, avec des spectateurs qui peuvent s’identifier aux personnages par des attachements familiaux ou territoriaux réels, et avec, c’est très important, la particularité que ce film raconte l’histoire du vaincu.

Parce que si le film s’intitule Vaincre ou Mourir, le personnage à la fin il est vaincu et il meurt, et ce n’est pas une fiction.

Cette façon de faire des ellipses et de montrer certains tableaux, presque statiques, ou lointains, me font énormément penser au film Le tombeau des lucioles d’Isao Takahata. Le tombeau des lucioles est un film japonais racontant comment deux enfants japonais vivent les bombardements américains et l’impact que ça a sur leur vie. Ils sont les vaincus de l’histoire, et ils meurent à la fin. Quand Isaho Takahata nous montre les corps des victimes de bombardements, il nous les pose simplement, comme le fait le film Vaincre ou Mourir. On ne voit pas les gens mourir, on voit les gens morts.

Parfois les films jouent sur les deux plans. Dans le film The Patriot avec Mel Gibson, certains combats sont explicites, on voit par exemple un boulet de canon qui arrache la jambe d’un soldat, au premier plan. Par contre quand Anne qui vient d’épouser Gabriel est enfermée avec le village dans l’église paroissiale et que l’église est incendiée, le film ne nous montre pas cette mort et fait une ellipse. On comprend la mort quand son beau-père Benjamin ramasse dans les cendres le collier qu’elle portait. Cette différence de traitement est alignée sur la proximité que le spectateur peut affectivement développer avec les personnages.

Dans le film Elle s’appelait Sarah sorti en 2010 sur le sujet de la rafle du Vel d’Hiv', quand Sarah rouvre le placard, on ne nous montre pas le contenu du placard. Ce n’est pas nécessaire, et ce n’est pas utile. On n’en a pas besoin pour comprendre ce qui se passe, et on n’a pas besoin de s’infliger ce spectacle.

Et en fait savoir faire une ellipse, le faire bien, ça demande un certains talent. Et si j’ai vu beaucoup de monde critiquer le fait que le film recourt énormément à l’ellipse, je n’ai vu personne dire que ces ellipses étaient mal faites. Et puisque certains sont déçus que ce film raconte plus qu’il ne montre, je rappelle que parfois, une bonne ellipse, demande plus de talent que de montrer, et parfois une bonne suggestion provoque plus d’effets que le simple montrer. Le bruit d’une patte griffue derrière la porte peut être plus inquiétant que la vue de cette patte griffue.

Et autant certains films mélangeront l’explicite et l’implicite, d’autres films comme Le tombeau des lucioles et Vaincre ou mourir font le choix de l’implicite et de la pudeur sur toute la ligne. Ces deux films présentent l’histoire racontée par le vaincu, et l’histoire va être entendue par la population même qui a la mémoire douloureuse de ces événements.

Si parfois le manque de moyen a pu encourager ces ellipses, je rappelle qu’un film n’est pas toujours à 100% un divertissement. C’est précisément ce qui se passe avec Le tombeau des lucioles et Vaincre ou mourir. Quand bien même il y aurait une cause matérielle à l’absence d’explicite, celui qui réclame plus d’explicite révèle peut-être qu’il n’a pas tout à fait compris l’objet du film. Parce que ce n’est pas uniquement un film de costume, de mousquet et d’épée.

« Le problème c’est que même si vous voulez impérativement vivre dans le déni en dépolitisant le film, et en vous vidant le crâne devant un grand spectacle historique, eh bien vous allez vite déchanter » (Écran large, 9:00)

On ne peut pas réclamer de tous les films d’être à 100% un divertissement et on ne peut prétendre que le spectateur est nécessairement détaché de la violence qui y serait représentée. Je reprends cette comparaison, mais quand on va voir le Tombeau des lucioles, est-ce que ces gens nous disent que l’on est censé « vouloir vivre impérativement dans le déni en dépolitisant le film et vouloir se vider le crâne devant un film à grand spectacle ». C’est ça leur seul horizon du cinéma en fait ? Est-ce que lorsqu’Hayao Miyazaki a réalisé le film Le vent se lève où il nous raconte l’histoire d’un concepteur d’avion de guerre Japonais dans une guerre que le Japon à perdu, est-ce qu’ils nous disent que pour regarder cet autre film, il faut « vouloir vivre impérativement dans le déni en dépolitisant le film et vouloir se vider le crâne devant un film à grand spectacle » ?

C’est un argumentaire ad-hoc qui ne souffre pas la comparaison une fois confronté à un périmètre plus large que ce film, une sorte de carte Joker que certains sortent de leur poche quand ça les arrange. Le Cinéma n’est pas le lieu pour vivre dans le déni et se vider le crâne. Si c’est ça leur besoin, alors oui il vaut peut-être mieux qu’ils aillent au cinéma que de se tourner vers certaines substances douteuses. Parce que ce que certains expriment, là, dans certains médias, c’est leur comportement de junkie qui fuient le réel dans une consommation de drogue et qui se plaignent que la dose n’est pas assez forte, qu’elle arrache pas assez, et pire encore, qu’ils sont encore lucides avec ça. Et ça, pour eux, c’est un échec.

Celui qui regarderait le Tombeau des lucioles en se disant « on va voir un film de guerre, ça va être l’éclate », il va complètement passer à côté du film, son expérience sera complètement ratée, mais ça ne sera pas la faute du film. Si le spectateur pose comme condition qu’il ne doit y avoir ni empathie ni compassion ni toute autre forme d’investissement affectif, c’est le spectateur qui a un problème, pas le film.

Je me souviens d’un film sur Jeanne d’Arc qui était en deux parties. C’était Jeanne La Pucelle de Jacques Rivette sorti en 1994. Il y avait un film intitulé Les Batailles, et un autre intitulé Les Prisons. Peut-être que ça aurait été une bonne idée de faire quelque chose comme ça pour Charette, avec deux atmosphères, une plus glorieuse à grand spectacle, et une plus intimiste et plus dans la tragédie. Mais je comprends qu’ils ne pouvaient pas se permettre cela pour un premier film.

Même si l’histoire de Charette est propice à représenter des combats épiques avec lesquels on pourrait prendre une certaine distance émotionnelle, le film en lui-même n’est pas facile pour une certaine population. Ce n’est pas une question de violence graphique. La même personne qui pourrait se farcir les trois John Wick d’affilée, cette même personne se donnera un répit de plusieurs jours avant se permettre de regarder à nouveau Vaincre ou Mourir. Dans John Wick on a un personnage imaginaire évoluant dans un univers imaginaire et qui trucide des personnages imaginaires. Dans Vaincre ou Mourir avec Charette ce sont nos cousins qui trucident nos cousins dans notre pays. Si la relation du spectateur au film est la même dans les deux cas, c’est que le spectateur ne prend pas le risque de sortir de sa zone de confort.

La pudeur du réel est aussi demandée parce que le sujet est traité correctement. Voyez si je prends le film Le dernier samouraï avec Tom Cruise, je n’ai pas de doute que les moyens, les acteurs ne sont pas du tout les mêmes, sauf qu’il y a un problème fondamental : dans le film Le dernier Samouraï, le personnage principal est présenté comme un Américain vétéran des guerres indiennes et traumatisé par les massacres des Indiens aux États-Unis, alors que le personnage réel dont s’inspire l’histoire est un Français officier sous Napoléon III, ayant vécu l’expédition du Mexique, la guerre franco-prussienne de 1870 et la Commune de Paris. Alors oui il y a une différence. Dans un cas le fait historique nourrit le scénario d’une autre histoire fictive avec toute la distance que cela met, et dans un autre cas l’histoire racontée essaie de représenter le fait historique. L’histoire elle-même a une importance, et Vaincre ou Mourir traite correctement l’histoire.

Les figurants

Cette part va être purement technique, mais j’ai entendu plusieurs fois que ce film manquait de figurant à l’écran. J’ai entendu cela par exemple dans la vidéo de Christopher Lannes :

« Les scènes de bataille il y en a une en particulier qui est bien mise en valeur c'est la bataille de torfu une grande victoire de charrette mais là aussi ça manque cruellement de figurant ça manque cruellement de figurant tout au long du film mais surtout pendant les scènes de bataille ». (Christopher Lannes)

Alors c’est vrai que sur ce point le cinéma peut nous montrer des choses plus grandioses. Mais là il ne faut pas se tromper de combat, ce n’est pas un manque de figurants, mais un manque d’effets spéciaux. On a du mal à s’en rendre compte parfois mais énormément de choses que l’on voit désormais au cinéma ne sont plus des choses filmées. À commencer par les figurants. Ça se voyait déjà dans des films comme Forrest Gump, mais c’est désormais la norme.

Certains films, parfois à très gros budgets, ne se posent même plus la question de la crédibilité des figurants. Black Adam sorti en 2022, avec 185 millions de dollars de budget, nous met une poignée de personne pour représenter la population d’une ville. Vaincre ou Mourir fait mieux que ça en fait.

Et en parlant de cohérence, même le traitement des décors est correct. Si je compare avec John Wick 3 Parabellum, il y a énormément de décors dans cet autre film qui n’ont aucun sens, qui ne peuvent pas être justifiés physiquement, ne serait-ce qu’en se posant la question, qui dans l’univers, paie pour ça, et pourquoi ? Ce film a eu 75 millions de dollars de budget et présente des décors qui ne sont justifiés que par un scénario de jeu vidéo. Ils font des décors qui flattent les yeux mais qui n’ont aucun sens. Il est même parfois évident que l’intérieur du bâtiment ne tient pas dans les dimensions extérieures de ce même bâtiment. 75 millions de dollars de budget mais l’intérieur est plus large que l’extérieur… et ça ne les dérange pas ! Vaincre ou Mourir a des décors plus cohérents que ça en fait, peut-être parce qu’ils sont réels, tout simplement.

Alors donc, au sujet des figurants, oui, comparé à certaines grosses productions à gros moyens on voit moins de gens à l’écran, mais ce sont de vraies personnes que l’on voit, et ça fait du bien de voir ça. En fait Vaincre ou Mourir est un film avec beaucoup de figurants, alors c’est peut-être pas assez pour rivaliser avec certaines images complètement modélisées, mais en fait ça fait du bien de voir des figurants, et j’ai envie de dire, tant pis si parce que les figurants sont réels le film est contraint à certains plans. D’ailleurs, est-ce que cette impression de téléfilm que certaines personnes ont ressentie ne viendrait pas en partie du fait que ce sont des vrais gens qui ont joué, et que donc la caméra a due être placée comme on place une caméra quand on tourne avec de vrais gens d’une part, et d’autre part qu’on ne multiplie pas ces gens avec de la modélisation à haut débit ?

L’Histoire de France, ce n’est pas sale

Ça n’aura pas échappé à grand monde, mais vous avez vu cette espèce de… dénonciation du flim. En soi la critique d’un film est une opinion, l’opinion sur sa réalisation, sur son jeu d’acteur, sur la façon dont le film traite du sujet, etc. Mais si l’opinion porte sur le sujet du film, ce n’est plus une critique du film, c’est une critique du sujet.

Il y a des gens qui nous expliquent qu’il ne faudrait pas voir le film Vaincre ou Mourir. Télérama a titré :

« “Vaincre ou mourir”, un film du Puy du Fou si mauvais que même les royalistes détesteront »;

et en sous-titre :

« Si les guerres de Vendée m’étaient contées avec des lunettes de chouan et de gros sabots... À fuir au galop ! ».

Alors, « gros sabot », c’est une expression, mais « lunettes de chouan », c’est quoi le prochain argument ? Que c’est un film de Bonnet Rouge, ou de Gilet Jaune ? C’est ça le niveau argumentatif de Télérama ? Là on n’est plus dans la critique de film. La personne qui a écrit cela exprime sa conviction que les films de ce genre ne doivent pas être visionnés et que ces sujets ne doivent pas être traités.

Et puis il y a cette espèce de condescendance paternaliste, pardonnez-moi d’employer ce mot-là, mais on dirait que ce genre de personne aurait peur que ce film corrompe la jeunesse. En fait ils en parlent comme s’ils défendaient à un enfant d’aller voir un film porno.

« Et les gosses de France et de Navarre sont peut-être pas les plus aptes à prendre de la distance avec ce qu’on leur présente d’emblée comme historiquement fiable, ensuite ce serait-on dit, on peut trouver l’idée, exprimée par le film, dégueulasse hein, voir même, franchement dangereuse. » (Écran large, 8:20)

Et les enfants, ça les préoccupe.

L’historien Guillaume Lancereau interviewé par Libération part dans une imprécation mettant en garde contre une pente glissante qui débaucherait la population. Il n’hésite pas à qualifier d’ « esprit naïf » ceux qui ne sauraient discerner dans ce film ce qu’il considère un mal corrupteur. Il décrit ce film comme nourrissant un vice, et exprime sa crainte que le public goûte à ce fruit défendu et développe un habitus dans ce mal. Bon, je vous l’accorde, il le fait avec le vocabulaire propre à sa religion. Mais c’est ce qu’il exprime.

« Il n’y aurait pour certains esprits naïfs que folklore derrière tout cela. Ben voyons ! Croire cela, c’est ignorer que la prise d’assaut du Capitole par les supporters de Donald Trump n’a été possible qu’à cause du travail de longue haleine mené pendant des années par la droite américaine […] » (Libération)

J’ai envie de leur dire, et s’ils m’entendent, ça va les faire hurler, mais l’histoire d’un peuple chrétien en France et l’histoire de ce qu’il a vécu, dans ses victoires et ses défaites, dans sa gloire et son anéantissement, ce n’est pas sale. Je ne pense pas qu’on a besoin d’eux comme clergé douteux avec leurs interdits religieux bien à eux, et qui ne font rien de plus que nous expliquer que ce film est à leurs yeux une œuvre licencieuse, dissolue et dépravée.

Molière se moquait de la pudibonderie de son siècle et du signalement de vertu du personnage qu’il nomme Tartuffe, mais qu’est-ce qu’on rigolerait bien si Molière nous écrivait aujourd’hui un nouveau Tartuffe avec cette pudibonderie nouvelle et ces vertus de façades, ce nouveau personnage de Tartuffe qui singe bien sa dévotion pour se faire servir pitance dans sa gamelle et séduire la femelle. En fait, nan, tout compte fait, tout comme Molière l’a subit en son temps, peut-être cette pièce serait dénoncée par ces mêmes dévots, si ce n’est interdite. Dans la pièce de Molière, le Tartuffe s’est emparé de la maison, et en a chassé le propriétaire dont il a obtenu les richesses et la confiance par ses tromperies. Tiens tiens tiens… Dans la pièce de Molière c’est le roi qui rétablit la justice et qui rend au malheureux ce qu’il avait perdu, mais dans cette nouvelle pièce de Tartuffe que l’on voit jouée dans nos médias aujourd’hui, le roi étant mort, c’est peut-être bien le Tartuffe qui règne sur le domaine et qui administre les richesses. Pour voir la fin alternative du Tartuffe, il suffit de lire Libération ou Télérama.

La Rébellion cachée

Beaucoup ont relevé que le film Vaincre ou mourir était un peu le cul entre deux chaises, entre le cinéma et le documentaire, ce qui s’explique d’ailleurs par l’histoire de sa production. Si vous avez envie d’approfondir le sujet, et cette fois-ci c’est vraiment un documentaire que je propose, vous pouvez regarder le documentaire de Daniel Rabourdin, la Rébellion cachée. Si vous êtes intéressés par le sujet des guerres de Vendée, je vous mets le lien en description.

Et n’oubliez pas de vivre.


Citations :

- Vaincre ou Mourir, Paul Mignot et Vincent Mottez,
- La Rébellion cachée, Daniel Rabourdin,
- Le Tombeau des lucioles, Isao Takahata
- Le vent se lève, Hayao Miyazaki
- Images d’archives : Cristeros, Jules Brunet, Domaine public
- Estampe : Noyades de Nantes, Charles François Gabriel Levachez
- Vitrail de l'église des Lucs-sur-Boulogne, Luc Fournier
- Le PANACHE enfin DE RETOUR […] ? Christopher Lannes
- L'arnaque VAINCRE OU MOURIR […], Intercut
- Vaincre ou Mourir : comment un film aussi nul et dangereux a pu exister ? Écran Large
- Vaincre ou mourir : critique d’un Puy sans fond de nullité, Écran Large
- «Vaincre ou Mourir», L’histoire comme champ de bataille […], Libération
- “Vaincre ou mourir”, un film du Puy du Fou si mauvais […], Télérama
- La levée des 300 000 hommes, Chorale Dugelez Breiz
- Elle s’appelait Sarah, Gilles Paquet-Brenner
- John Wick Parabellum, Chad Stahelski
- Black Adam, Jaume Collet-Serra
- Forrest Gump - Visual Effects
- The Man in the High Castle Season 2 Visual Effects […], Barnstorm VFX
- Images d’archives : U.S.A.F.

Mentions :

- Cristeros, Dean Wright
- La levée des 300 000 hommes, La découverte et l’ignorance, Tri Yann
- Astérix et Obélix contre César, Claude Zidi
- Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet
- Nikita, Luc Besson
- Lucy, Luc Besson
- Reste un peu, Gad Elmaleh
- La Passion du Christ, Mel Gibson
- Jeanne la pucelle : les batailles, Jacques Rivette
- Jeanne la pucelle : les prisons, Jacques Rivette
- Forrest Gump, Robert Zemeckis
- Le Dernier Samouraï, Edward Zwick
- John Wick, David Leitch et Chad Stahelski
- Le Tartuffe ou l’imposteur, Molière

Effets :

- Flapboard sound, mab


Addendum par Thomas Debesse le 02/03/2023 à 19:35.

Voir le documentaire La Rébellion cachée de Daniel Rabourdin :

https://vimeo.com/ondemand/larebellioncachee


Addendum par Thomas Debesse le 06/03/2023 à 14:14.

Le film peut être pré-commandé en DVD :

https://www.sajedistribution.com/boutique/dvd-chretien/vaincre-ou-mourir-dvd/


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