Posté par Thomas Debesse le 30/06/2017 à 23:45. Licence CC by (copiez-moi !)
Celui ci est mon fils bien aimé. Barthélemy Parrocel, Le baptême du Christ.
Je découvrais récemment cet article de Jean Sévilla sur l’identité, paru dans l’Homme nouveau en février dernier : À propos de l’identité. À peine avais-je commencé à lire que je tombe sur cette déclaration étonnante qui me fait tiquer : « Être chrétien n’est pas une identité ».
Mais que signifie « Chrétien », le mot « Chrétien », oui, qu’est-ce que ce mot signifie au juste ?
Chrétien, être Christ
Chrétien vient du grec « Christianos », littéralement « petit Christ », c’est-à-dire, « identifié au Christ », qui est un Christ lui-même, qui trouve son identité dans le Christ.
Ce n’est pas la société (Église) qui fait le chrétien, c’est la communauté des chrétiens qui forme la société Ecclésiale. Effectivement, c’est par le baptême que l’homme devient Chrétien, devient part de cette Église, devient ce « petit Christ ». La comparaison entre le baptême et la nationalité française est inappropriée. Ce n’est pas parce que l’homme entre dans la communauté des croyants qu’il devient chrétien, ce n’est pas non plus parce qu’il naît de parents chrétiens. C’est parce que l’homme est identifié au christ, qu’il renaît du Père dans le Christ, devient un « petit Christ » dans sa chair, âme et esprit que cet homme entre dans la société des croyants. Cette société des croyants n’existerait pas sur terre, l’homme serait littéralement seul sur terre, seul avec le Christ, l’Église serait présente en lui, et son identité serait d’être Chrétien.
Effectivement, l’identité chrétienne n’a rien à voir avec ce que procure une « carte nationale d’identité », mais c’est peut-être bien parce que la carte d’identité ne procure pas d’identité, tout comme les notions de nation et de patrie lui sont désormais étrangères. La « nationalité française » relève plus de la citoyenneté que de l’identité. La carte nationale d’identité est en réalité un identifiant, une carte d’identification : cela sert à distinguer quelqu’un et à le tracer, mais ça n’exprime rien de qui il est.
Se baser sur le concept profondément dévoyé de la nationalité française pour expliquer que le christianisme n’est pas une identité relève du sophisme ou de l’ignorance : la nationalité française n’est plus une identité depuis longtemps, elle n’est même plus une nationalité ! Et puis, le christianisme précède la nationalité française, ce qui devrait suffire à alerter la raison sur l’incongruité d’une comparaison qui donnerait la nationalité française comme référence au christianisme. Ce que démontre réellement l’article de Jean Sévilla, en opposant nationalité et christianisme, c’est que la nationalité française n’est plus une identité.
Ce qui est juste dans l’article de Jean Sévilla, c’est que le christianisme n’a rien à voir avec un état civil, parce que le christianisme est une identité, et que l’état civil ne l’est pas.
Comme dit Jean Sévilla, « Faisons les bonnes distinctions et employons les bons mots ».
Il y a réellement incompatibilité entre le concept d’identité française tel que porté par notre société civile, et le christianisme. En effet, le christianisme n’est pas une carte d’identité, le christianisme n’est pas un état civil, le christianisme n’est pas un certificat de naissance, le christianisme n’est pas une naturalisation, le christianisme n’est pas un visa, ni un passeport, ce n’est pas une référence sur une carte que l’on présente aux forces de l’ordre, le christianisme n’est pas une disposition civile inscrivant l’homme dans un système légal, juridique, social et civil.
Faisons les bonnes distinctions et employons les bons mots : la carte d’identité ne procure pas d’identité (ce qu’on appelle nationalité française n’est même pas une nationalité) tandis que le christianisme est une identité.
Le christianisme est une identité. Il y a dans l’Église, corps social, une composante légale et civile, le chrétien a des devoirs, le chrétien est citoyen de cette nouvelle Cité, mais la citoyenneté dans la Jérusalem Céleste, le droit canonique, bien terrestre lui, les devoirs du chrétien, bien incarnés, ne découlent pas d’une disposition légale, comme l’est la nationalité Française, mais d’une identité, celle d’être un autre Christ, d’être dans le Christ, d’être renouvelé dans le Christ, d’être recréé dans le Christ, d’être identifié au Christ et d’appartenir au corps du Christ lui-même, être part du Christ lui-même.
Le christianisme est une identité, le baptême est d’ailleurs qualifié de sacrement à caractère pour cette raison : par le baptême, l’homme est marqué de manière indélébile dans son identité.
Le risque identitaire serait d’élever son identité nationale au rang de l’identité Chrétienne, ce serait une forme d’idolâtrie. Si le soldat peut donner sa vie pour défendre son pays, il est une identité plus grande encore : l’identité Chrétienne. Au nom de son identité dans le Christ, le chrétien ne donne pas seulement sa vie, il donne son âme.
La fonction sociale est une identité révélée.
C’est donc précisément ce que démontre, sans le savoir, Jean Sévilla : ce qu’on appelle « identité française » n’est pas une identité, car les droits et devoirs découlent désormais d’une disposition légale, d’un « état civil », alors que cet état civil, comme les droits et devoirs, devraient découler de l’identité.
Le chrétien devient par son baptême prêtre, prophète et roi. Le prophète est prophète par la vérité qu’il révèle, mais la royauté se fonde dans l’identité. Contrairement à un président de la république, qui tient sa charge d’un système, le roi tient sa charge de son identité :
Le chrétien est prophète par la vérité qu’il révèle, sa royauté se fonde dans son identité, et son sacerdoce est proprement cette identité, le chrétien est identifié au Christ.
Le baptisé est prêtre, prophète et roi. Prêtre car identifié au Christ, roi parce qu’il règne avec le Christ, et prophète parce que son règne révèle le Christ. C’est la prophétie, cette révélation de la vérité, qui porte le chrétien dans ses œuvres, c’est la prophétie qui fait passer le chrétien de l’identité à la royauté, qui exprime cette identité sous la forme d’une royauté.
De la même manière que l’Esprit-Saint procède du Père et du Fils alors que le Père engendre le Fils, la prophétie porte le chrétien du sacerdoce à la royauté alors que le règne est cette prophétie en soi.
La prophétie du chrétien, c’est la royauté révélée du Christ, la royauté révélée de cette identité. Le fils est conçu de l’Esprit, le Fils est roi par son père, l’Esprit procède du père et du fils, et le chrétien dans son identité est prêtre, prophète et roi, image de la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit.
Ainsi, cette identité Chrétienne (sacerdoce) se révèle (prophétie) socialement (royauté). L’Église est la révélation sociale de cette identité chrétienne. L’homme ne devient pas Chrétien parce qu’il est reçu dans l’Église, l’homme est reçu dans l’Église parce qu’il devient Chrétien, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, au nom de cette Trinité, au nom de cette identité sociale qu’est la Trinité.
En termes baptismaux : Chrétien, ta royauté est un sacerdoce prophétisé. C’est-à-dire : Chrétien, ton rôle social est une identité révélée. Cette identité révélée, c’est le Christ. Chrétien, ton identité c’est le Christ.
Le baptême, cette création nouvelle
Jean Sévilla réduit étonnamment le baptême à « une grâce personnelle ». Le catéchisme nous rappelle que c’est un sacrement qui efface le péché originel, qui donne la grâce sanctifiante, qui nous fait enfant de Dieu et nous rend héritier du Christ. Le baptême n’est pas une simple grâce donnée, le baptême fait naître en nous la grâce, nous renouvelle, nous fait enfant de Dieu, et nous rend héritier du Christ. Voici l’identité du chrétien : « Enfant de Dieu ».
Je rappelais dans mon article de janvier, Voici l’homme, cette parole de l’apôtre aux Galates :
Je puis parfaitement renier ou méconnaître mon identité de chrétien, à chacun, la découverte ou l'ignorance.