Posté par Thomas Debesse le 07/06/2013 à 14:12. Licence CC by (copiez-moi !)
Alors qu'on apprend la mort de Clément Méric, la première réaction, légitime, est la désolation : encore une mort inutile qu'on ne peut que regretter. Malheureusement, le deuil est très vite terni par des vautours en mal de récupération politique…
D'un côté on aurait l'image d'Épinal du bon élève tolérant victime d'un guet-apens et de l'autre des méchants nazis tout droit sorti du Château de Wolfenstein, et l'ensemble plongé dans une grande soupe d'amalgames…
Au milieu de tout ce foin médiatique, je trouve que l'article du Monde est remarquable : l'auteur n'hésite pas, par exemple, à montrer que Clément Méric critiquait le Front de Gauche qui pourtant récupère sa mort aujourd'hui. L'auteur ajoute également que selon les premiers éléments de l'enquête de police, les provocations étaient partagées.
Clément Méric avant sa mort
Le 17 avril 2013, en marge d'une Manif Pour Tous, la cellule d'extrême gauche à laquelle appartient Clément Méric vient agresser les manifestants. Line Press était sur place et a filmé une partie des événements. Les extraits sont très intéressants.
Malheureusement, je n'ai certainement pas les moyens de me payer une vidéo Line Press… Je me limite donc à une petite sélection de 7 images en invoquant le droit de courte citation… Cette vidéo était jusqu'à peu disponible sur le compte Youtube officiel de Line Press, si vous avez l'occasion de regarder cette vidéo, je vous y invite à le faire, elle est riche en renseignements.
Alors que son groupe agresse la manifestation, tandis que la police intervient pour calmer le jeu et commence à attraper certains, Clément Méric se faufile entre les policiers en civils pour se réfugier derrière les bénévoles de sécurité de la Manif Pour Tous (c'est le jeune au polo rouge à droite) :
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n'est pas libre.
Le 24 mars, les bénévoles de la Manif Pour Tous avaient protégé les manifestants de la police, le 17 avril, ces mêmes bénévoles avaient protégé Clément Méric de la police.
Des altercations naissent entre ses camarades et des manifestants. Les bénévoles rappliquent. Clément Méric observe en retrait. On ne voit pas sur cette photo-ci (voir ci-après) mais ceux qui regarderont la vidéo pourront vérifier, Clément Méric place sa chevalière de manière à pouvoir frapper avec s'il le faut :
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n'est pas libre.
Les bénévoles du service sécurité de la Manif Pour Tous protègent Clément Méric :
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n'est pas libre.
Ensuite, alors que la tension baisse un peu, Clément Méric rejoint ses camarades qui déploient une banderole « l'homophobie tue », et ils crient ensemble le slogan « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ». L'ironie du sort voudra que ce ne soit pas l'homophobie qui l'ai tué…
Clément Méric n'aime pas être pris en photo. En fait il retire son foulard dès qu'il faut se glisser incognito au milieu des policiers, profitant de son « visage de poupon » comme alibi, et le remet dès qu'il s'agit d'agir avec son groupe. On le voit à un autre moment de la vidéo lever la banderole sur son visage alors qu'un photographe se place pour photographier le groupe.
Mais ce qui nous intéresse dans cette photo n'est pas le foulard, c'est sa chevalière. Sur cette image il joue du pouce et du majeur pour retourner le chaton sous son index et dissimuler la trop voyante bague aux vues des objectifs. Tout le long de la vidéo on le voit tourner cette chevalière, en fonction du rôle qu'il joue.
Clément Méric ne se sert pas de sa chevalière comme d'une simple bague d'appartenance ou par coquetterie. Il la porte à l'index pour s'en servir comme une arme et lorsqu'il est inquiet et que le danger menace, place le chaton en avant du poing. Dès lors qu'il ne se sent plus en danger ou qu'il est pris en photo, il cache le chaton dans sa paume. Cet adolescent au nom de noblesse ne semble assumer sa chevalière qu'en tant qu'arme de poing :
La vidéo ne montre pas l'acte qui a motivé une poursuite de la police, mais on le voit lui et son groupe se réfugier à SciencesPo, rue de la chaise :
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n'est pas libre.
Là encore, jouant son jeu d'élève modèle arrivé là par hasard, d'un air de rien il passe au milieu des policiers :
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n'est pas libre.
Tandis certains de ses camarades se font embarquer :
Citation Line Press, tous droits réservés à Line Press, Cette illustration n'est pas libre.
Bref, le personnage est trouble. En d'autres circonstances, Clément Méric aurait pu se faire agresser par un antifa ou par un activiste prolétarien en mal de lutte des classes. Et sous le visage d'un enfant de chœur, malgré ses airs de bon élève et sa chevalière de bonne famille, Clément Méric portait son lot d'intolérance.
C'est humain.
Rixe et couverture médiatique
Certains évoquent une rixe qui engagerait la responsabilité de Clément Méric, ce serait à l'occasion d'une vente privée prisée autant par les dits « redskins » ainsi que que les dits « skinheads » (selon les mots trouvés dans la presse) que son groupe aurait pris à parti un groupe d'appartenance opposée. Plusieurs altercations auraient eu lieu, jusqu'à la dernière rixe où Clément Méric, frappé par un coup de poing tombe et heurte violemment un poteau. Affaibli par une leucémie dont il se remettait à peine, le choc lui est fatal et lorsque les secours arrivent, son état est jugé désespéré. La mort sera annoncée le lendemain.
Les média rivalisent de bidonnage. Du coté du Monde, « pour souligner que Clément Méric n'était pas un provocateur » on précise que le drame s'est déroulé alors qu' il « se rendant à une vente privée de vêtements » comme s'il était allé à une vente BCBG. C'est oublier un peu vite que ladite vente privée est connue pour être un repaire d'extrémistes de tout bord et qui serait souvent l'occasion de bagarres… Tous les ingrédients pour une nomination au prix Albert Moscou sont là…
Déjà, à l'occasion d'un autre fait divers heureusement moins dramatique, je m'étais étonné au début du mois de mai en lisant un article sur une action d'antifa qui avaient troublé un rassemblement venu commémorer la mort d'un nationaliste.
Je lisais ces mots étonnant :
Comme s'il était normal, dans certains cas comme celui-ci, de recevoir des coups…
Certains rappellent le souvenir de François Noguier, mort mardi dernier sans que son cas ne soulèvent d'indignation. Tandis que d'autres tentent difficilement de pondérer un peu. Pendant ce temps, les médias et les personnalités rivalisent de délire..
Récupération politique et amalgames
Notre classe politique aime le sang. Elle s'est repue du sang de Wilfred de Bruijn, elle s'enivre du sang de Clément Méric.
Si les agresseurs de Wilfred de Bruijn n'ont toujours pas été arrêtés il me semble, il paraîtrait que les rivaux présumés de Clément Méric aient été interpellés… nous en saurons peut-être plus sur les circonstances de ce dernier drame. En attendant, alors que l'incident n'est même pas encore compris, la France sombre dans une espèce de folie. Chacun verse ses fantasmes dans les caniveaux, à tel point que cela donne l'amère impression que ce drame était attendu avec impatience, afin de pouvoir s'épancher…
Entre les hommes politique amalgamant les partis opposés ou les mouvances adverses, les médias s'appropriant les témoignages sans discernements, certaines personnalités profanent le deuil sans aucune honte… La palme de l'horreur revient certainement à la Vilaine Lulu qui instrumentalise ce drame pour justifier ses fantasmes, et ce sans aucun respect pour Clément Méric :
Insatisfaite, la Vilaine Lulu pousse l’infamie jusqu'à se placer elle-même en victime, se vautrant dans le sang encore chaud de Clément Méric :
La Vilaine Lulu oublie que le seul lien que l'on peut honnêtement tirer entre Clément Méric et les Manif Pour Tous, c'était quand Clément Méric agressait la Manif Pour Tous avec sa cellule d'extrême gauche, et quand il se réfugiait ensuite derrière la sécurité de la Manif Pour Tous pour se protéger à la fois des manifestants provoqués et des policiers qui allaient les interpeller !
Cependant, si vous ne cherchez pas de la haine et du mensonge mais plutôt du creux et du convenant qui n'apporte rien, vous le trouverez dans la bouche de François Hollande :
Écouter François Hollande sur RCF :
Vous pouvez télécharger cet extrait audio en vorbis, en mp3 ou en flac.
Sans se rendre compte que ses paroles ordonnent également la répression des mouvements dont était membre Clément Méric, le président de la république remplit le vide des lieux communs qu'il ne cesse d'user jusqu'à la moelle (et insiste pour dire qu'il le dit) : « prendre ses responsabilité », « condamner », « tirer enseignement », on n'a pas besoin d'un président de la république pour cela…
La mort d'un frère
Finalement, un des meilleurs commentaires de l'événement que j'ai pu lire, je l'ai trouvé sous la plume de Paul Da Silva :
On avait déjà pu lire de sa part, un peu plus tôt cette année, cette pensée pertinente au sujet de la haine :
Commentant le drame de Clément Méric, Paul Da Silva évoque la loi du Talion et cite des commentaires appelant au meurtre, trouvés sur des blogs de gauche.
Le drame, c'est que l'on se serve de la mort d'un homme pour justifier la haine, et réclamer encore la mort. C'est comme si la société avait attendu cette mort pour s'épancher, et c'est comme si la société attendait encore des morts pour se justifier.
Et finalement, ce sont des français qui instrumentalisent la mort d'un français pour appeler au meurtre d'autres français.
L'un des commentaire cité par Paul Da Silva est tout simplement :
Je trouve ce commentaire très significatif : la mort doit appeler la mort, et surtout, il y un « nous » et il y aurait un « eux ».
Quelles sont ces constructions mentales qui ne servent qu’à une chose : faire couler le sang français, le sang du concitoyen, le sang du frère ?
Ce n’est pas nouveau : le sang impur de la Marseillaise a longtemps été le sang français ! Et quand le sang d’un frère coule, certains y voient la justification du sang d’autres frères encore ! Il faut que le sang coule ! Il faut que le Français meure, car je fais partie de « nous » et il fait partie d’ « eux ». En fait peu importe qui est « nous » et qui est « eux », parce qu’il est le « eux » d’un autre « nous », il doit mourir.
Tout est bon pour justifier de faire couler le sang du français : il est de droite je suis de gauche, je suis d’extrême gauche il est d’extrême droite. Je suis pour, il est contre, il aime, j’aime pas. je dois souhaiter qu’il meure, et il doit le souhaiter pour moi.
« Ce sont des skinheads » entend-t-on. Non, ce sont des Français ! « Ce sont des redskins » entend-t-on. Non, ce sont des Français ! « Un mort chez nous, un mort chez eux ». Mais qui définit ces camps ? Ne sommes-nous tous pas du même pays ?
Si la mort de François Noguier ne soulève pas les masses, c'est que sa récupération pourrait nourrir la xénophobie plutôt que le fratricide, ce qui n'a absolument aucun intérêt. Un prétexte est bien inutile s'il n'est pas un prétexte à haïr son frère.
On choisit ses amis, mais on ne choisit pas ses frères. Alors il ne faut pas s’attendre à ce que tout le monde s’aime et soit gentil, mais ceux que l’on supporte le moins sont souvent ceux que l’on ne choisit pas mais que l'on reçoit et pour qui nous avons des devoirs.
À lire et à entendre tous ces commentaires, il sembleraient que les antifas ne connaissent pas d'autres solutions que la mort de l'autre… et inversement. La France a inventé le génocide, la France a inventé l'extermination légale de population, et ce bien avant que le fascisme ne soit ne serait-ce qu'une hypothèse ! Pour preuve, les décrets ordonnant l'extermination du peuple Vendéen ne sont toujours pas abrogés ! Noble de cour ou paysan de Vendée, de droite ou de gauche, le Français mérite la mort parce qu'un autre Français a décidé que je fais partie de « nous » et qu'il fait partie de « eux » !
Dans l'actualité récente on a lu l'un annoncer qu'il ne pleurerait pas une hypothétique bombe, l'autre souhaiter que la police tire à vue…
Et ces menaces et malheureusement parfois ces actes sont justifiés par le « c’est nous » et le « c’est eux ».
La France est experte pour diviser les Français. Le meurtre devient possible si la victime fait partie de « eux ». Le Français peut tuer le Français dès qu'il a pu montrer que l'autre fait partie de « eux ».
Mais en fait, ces constructions mentales ne seraient pas plutôt le piège qu’on tend aux gens pour qu’ils s’entre-tuent, plutôt que d’y reconnaître un frère qu’il faudrait accompagner ? Pleurez la mort de Clément Méric, oui, et je la pleure avec vous. Mais s'il vous plaît, ne vous en servez pas pour justifier la mort d'un autre, ni même souhaiter la mort d'un autre !
L'Espérance
La foule qui s'est réunie spontanément pour pleurer la mort de Clément Méric avait en commun avec les veilleurs d'avoir chanté le Chant des partisans. Il n'y a plus qu'à prier pour que dans l'unité, ce soit tout le peuple de France qui entonne l'Espérance.