PostĂ© par Thomas Debesse le 06/01/2022 Ă 21:02. Licence CC by (copiez-moiâŻ!)
ââŻregarder sur la chaĂźne Youtube Nâoubliez pas de vivre (Licence CC ByâSA)
Transcription
SommaireâŻ:
00:00 Ăpisode
09:51 Infos & Promo
10:29 Générique
Enfanter une civilisation
[Extrait Belenen (Oldarra, Euskal Kantua, 1998)]
[Vidéo de crÚche traditionnelle]
[Titre]
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Ce chant traditionnel basque dont nous venons dâentendre un extrait est chantĂ© par le chĆur Oldarra, il est tirĂ© de lâalbum Euskal Kantua Le chant du pays Basque sorti en 1998 et qui fait suite Ă lâalbum Le chant basque sorti en 97.
[Photo Belem, Toulon Voiles de LĂ©gende 2013]
Ce chant commence par ce mot, Belenen. Belenen en basque, câest BethlĂ©em. De la mĂȘme maniĂšre que Belem, qui a donnĂ© son nom au cĂ©lĂšbre bateau nantais, câest BethlĂ©em. Belem, câest aussi le nom dâun quartier de Lisbonne au Portugal, et câest aussi le nom de la capitale de lâĂ©tat du ParĂĄ au BrĂ©sil.
On pourrait se demander pourquoi le nom de Bethléem est donné à des lieux sur autant de continents, au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique.
Et pour revenir en France, quel est donc le point commun entre un chant en langue basque, un bateau nantais, la Pastorale des santons de Provence, et ces images que je vous ai montrĂ©es, ces images dâune crĂšche en rĂ©gion parisienne.
Ce point commun, câest BethlĂ©em.
BethlĂ©em câest la ville oĂč le Christ est nĂ©, en Palestine, et cette ville qui semble si Ă©loignĂ©e de France est autant prĂ©sente dans notre culture que lâest la fĂȘte de NoĂ«l, mĂȘme quand elle est fĂȘtĂ©e par des non-croyantsâŻ: BethlĂ©em est rendue prĂ©sente par la crĂšche.
Depuis quelques annĂ©es, on voit apparaĂźtre une certaine tendance de certaines personnes Ă sâopposer Ă la tradition de la crĂšche de NoĂ«l, de tentatives de la sortir de notre vie publique, comme si cette tradition devait nous ĂȘtre Ă©trangĂšre, devait ĂȘtre Ă©trangĂšre Ă la France et Ă nos territoires. Alors il est vrai que cette annĂ©e, lâespace mĂ©diatique Ă©tait plus prĂ©occupĂ© par la question de savoir sâil fallait rĂ©veillonner Ă quatre patte ou danser assis, plutĂŽt que dâessayer de nous expliquer que la crĂšche nous serait Ă©trangĂšre.
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Mais revenons Ă la crĂšche, quel homme, quelle femme, quel enfant, quelque soit sa foi ou son manque de foi pourrait ne pas ĂȘtre touchĂ© par cette scĂšne simple de la nativitĂ©, dâune mĂšre et de son enfant nouveau-nĂ©, de la pauvretĂ© dâune famille et de la vulnĂ©rabilitĂ© dâun enfant. Quel homme pourrait ne pas sâĂ©merveiller devant le simple tableau de la vieâŻ? Qui ne pourrait sâattendrir devant la fragilitĂ© dâun enfantâŻ? Qui ne pourrait se laisser surprendre par la dĂ©licatesse que cet enfant rĂ©clameâŻ? Quel homme ne saurait ĂȘtre saisi par le vertige de cette puissance incroyable qui rĂ©side dans un enfant qui devient et qui a sa vie devant luiâŻ?
[Citation photo crĂšche de Paray-le-Monial par Damien Boutillet]
Il y a quelques annĂ©es, câĂ©tait une association se faisant appeler Ligue des droits de lâHomme qui avait demandĂ© le retrait dâune crĂšche, dans la mairie de Paray-le-Monial. On se demanderait bien quel droit de lâhomme serait mis en pĂ©ril par la reprĂ©sentation et la cĂ©lĂ©bration de la naissance dâun nouveau nĂ©, cĂ©lĂ©bration qui rejoint chacune de nos propres nativitĂ©s dans nos propres familles, et qui nous rejoint chacun, dans notre propre naissance et notre propre vie.
Cette association avait avancĂ© lâidĂ©e quâil nây aurait aucune tradition de crĂšche en Bourgogne. Mais au delĂ de ce manque de culture câĂ©tait faire preuve dâune courte vue, car lâon voit bien que BethlĂ©em dĂ©passe lâĂ©chelle dâune rĂ©gion, BethlĂ©em se retrouve portĂ© par les traditions de nos paroisses, de nos villages, de nos rĂ©gions et de nos pays, et au delĂ mĂȘme de notre continent. Nous chantons ce nom de BethlĂ©em, nous adaptons parfois ce nom dans nos langues rĂ©gionales, nous nommons nos bateaux dâaprĂšs BethlĂ©em, et si nous traversons les mers, câest de ce nom que nous pourrions bien nommer des capitales.
Ce quâignoraient peut-ĂȘtre les plaignants, câest que cette crĂšche Ă©tait prĂ©sente dans la mairie de Paray-le-monial dans le cadre dâun jumelage avec, vous vous y attendez peut-ĂȘtre, la ville de BethlĂ©em en Palestine. Et sâil y a bien une ville qui peut prĂ©tendre avoir la lĂ©gitimitĂ© de reprĂ©senter la crĂšche, câest bien la ville de BethlĂ©em. Cette crĂšche avait Ă©tĂ© confectionnĂ©e par des personnes handicapĂ©es de BethlĂ©em et lâon se demande bien quelle lĂ©gitimitĂ© Ă dĂ©fendre les droits de lâhomme il peut rester quand on a prĂ©tendu que cette crĂšche portait atteinte aux droits de lâhomme.
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Ainsi la crĂšche reprĂ©sente la joie dâune naissance, mais elle est aussi le signe dâune enfantement plus profond.
Car la crĂšche en tant que tradition est la reprĂ©sentation de NoĂ«l, le rappel de notre propre accouchement, et le tĂ©moignage dâun autre accouchementâŻ: lâaccouchement dâune civilisation.
On situerait au Ve siĂšcle lâapparition de la crĂšche sous forme de statues, et au XIIIe avec Saint François dâAssise la tradition des crĂšches vivantes. LâItalien François dâAssise ayant reçu son prĂ©nom en hommage Ă notre pays la France. On y voit donc la trace dâun tissage profond et rĂ©ciproque entre les mystĂšres de la crĂšche, notre territoire et nos traditions rĂ©gionales fĂ©condĂ©es par le Christianisme.
Mais entre la naissance du Christ et la naissance de la tradition de la crĂšche, il a fallu une tradition vivante, il a fallu une foi, il a fallu une transmission, il a fallu des hommes qui enseignent et qui transmettent.
Et il a fallu des catacombes, des chapelles, des abbayes et des cathĂ©drales pour enfanter la crĂšche et la garder vivante jusquâĂ nous. Si toutes les villes mĂšnent Ă Rome et sâil y a des routes qui partent de SibĂ©rie pour aller Ă Compostelle, câest BethlĂ©em qui vient dans chacune de nos familles, de nos paroisses, de nos villes, dans nos pays et jusque sur les mers.
Si plus de 2000 ans aprĂšs la premiĂšre crĂšche nous nous retrouvons chaque annĂ©e devant cette scĂšne de la nativitĂ©, câest que la crĂšche elle-mĂȘme est le fruit, lâenfant dâune tradition vivante qui donne la vie Ă son tour Ă dâautres crĂšches, et qui enfante Ă son tour nos traditions.
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Il en a fallu des messes de minuit chaque annĂ©es, il en a fallu des processions tout au long des saisons, de rogations en grands pardons⊠Il a fallu des confrĂ©ries de pĂ©nitents, il a fallu des ex-votos, il a fallu des baptĂȘmes, des noces, et des enterrements, il a fallu des calvaires dressĂ©s sur nos chemins, il a fallu des pĂšlerinages, il a fallu des veillĂ©es, il a fallu des matines, et il en fallu des naissances, pour que de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, dâenfantement en enfantement, nous accouchions de la crĂšche, chaque annĂ©e.
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Devant ce tableau si simple et si naturel de la crĂšche, devant ce tableau incroyable et dĂ©routant de la vie, et devant ce tableau mystĂ©rieux dâun Dieu fait homme, nous contemplons trois naissances.
Nous contemplons notre propre naissance, et nous contemplons la naissance de cet enfant, et nous contemplons la naissance de notre civilisationâŻ: notre pays, nos traditions, notre patrimoine, notre culture, notre philosophie, notre charitĂ©, notre hĂ©roĂŻsme aussi, notre art, notre musique, notre architecture, notre savoir-faire, notre mĂ©tier, notre hĂ©ritage. Et notre propre gratitude nâa de sens que si elle est orientĂ©e vers la source de cet hĂ©ritage, et vers ceux qui nous lâon transmis.
Et sâil reste un droit lĂ©gitime Ă lâhomme, câest celui de faire hĂ©riter ses enfants ce dont il a lui-mĂȘme hĂ©ritĂ© de ses pĂšres.
Ainsi, dans nos foyers nous plaçons des crĂšches, tĂ©moignage de la foi de nos pĂšres et tĂ©moignage dâune nation qui nous a enfantĂ©. Ă minuit le jour de NoĂ«l nous y dĂ©posons lâenfant, et le 6 janvier pour lâĂ©piphanie, nous y amenons les rois. Alors que cette annĂ©e la France Ă©lira le prochain prince du moment, il est peut-ĂȘtre opportun de rappeler que, mĂȘme en retard il est bon quâun prince vienne sâagenouiller devant lâenfant. Quâil est bon parfois de descendre de sa fiertĂ©, de laisser derriĂšre soi son image, de dĂ©laisser ses postures et ses faire-valoir pour embrasser la vĂ©ritĂ©. Quâil est bon dâenterrer les querelles et de cĂ©lĂ©brer avec ses frĂšres. Quâil est bon de dĂ©poser son or avec ses prĂ©tentions pour embrasser la pauvretĂ©. Quâil est bon dĂ©poser ses armes pour embrasser la simplicitĂ© et la charitĂ©.
Et sur ces mots, je vous souhaites une bonne et heureuse Ă©piphanie, et surtout, nâoubliez pas de vivreâŻ!
Infos & promo
Bienvenue Ă tous ceux qui ont rejoint la chaĂźne, nâhĂ©sitez pas vous abonner et Ă activer la cloche pour ne pas pas manquer le prochain Ă©pisode, et Ă soutenir le dĂ©veloppement de la chaĂźne en mettant un jâaime ou un commentaire. Je rappelle que lâoffre de nouvelle annĂ©e est toujours valable jusquâĂ fin fĂ©vrier, avec 10⏠de rĂ©duction Ă partir de 50⏠dâachat sur le site jouetsboisnaturel.com de lâartisanat français Arbre de Vie, avec une sĂ©lection de jeux, le jeu de Misha Ă©videmment mais Ă©galement des articles de cuisine en bois. Je prĂ©sente plus en dĂ©tail lâopĂ©ration, le jeu de Misha, et le partenaire dans ma prĂ©cĂ©dente vidĂ©o sur le centenaire du film The Kid.
[Citation vidéo de démonstration du Jeu de Misha]