The Kid : 100 ans, et nous ?


Posté par Thomas Debesse le 16/12/2021 à 15:30. cc Licence CC by (copiez-moi !)

The Kid : 100 ans, et nous ?
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Transcription

Sommaire :

00:00 Annonce promo
00:14 Épisode
13:37 Promo
16:16 Générique

Annonce promo

À la fin de cette vidéo je vous présenterai un produit d’artisanat français que j’ai très à cœur, un jeu en bois pour petits et grand, et je vous propose un code promo qui vous permettra je l’espère de faire de beaux cadeaux de Noël et de soutenir l’artisanat français.

Épisode

[Scène d’introduction du film The Kid de Charlie Chaplin]

[Titre]

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The Kid est un film muet de Charlie Chaplin, sorti en 1921. Nous fêtons donc cette année le centenaire de ce film. À l’approche de Noël je voudrais vous présenter un film qui permet de méditer sur le sens de la maternité et ce film est tout à fait à propos.

Comme vous avez pu le voir en introduction de cette vidéo, Charlie Chaplin commence son film avec la scène d’une femme qui sort d’une clinique avec un nouveau-né, et cette phrase : « la femme dont le péché était la maternité ». Avec beaucoup de finesse, Charlie Chaplin n’écrit pas que la femme est mère parce qu’elle a péché, ce n’est pas ce qu’il dit, il écrit que sa maternité est un péché.

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Il ne décrit pas le jugement moral que porte la société sur les circonstances de la maternité, mais sur la maternité en elle-même. Charlie Chaplin témoigne par son film qu’en 1921, la maternité est vue comme un péché.

En 2021, un siècle plus tard et après la révolution sexuelle, on pourrait croire que la notion de péché n’existe plus et qu’elle est enterrée… Et pourtant, il y a bien un péché que la société actuelle ne pardonne pas : c’est la maternité.

100 ans après le film « The Kid », la maternité est toujours vue comme un péché qu’il faudrait peut-être expier. Certains voient aussi la maternité comme une maladie qu’on peut traiter et dont le traitement peut être remboursé.

Et peu importe les raisons de la maternité, le péché de la femme c’est sa maternité. Il faudrait que la femme renonce à ce péché pour être libre, pour se conformer à un modèle, aux yeux du monde la sainte moderne n’est pas mère. Et si la femme persévère dans sa maternité, ce péché devient un vice, et un péché mortel.

[Scène de la délégation de l’orphelinat]
En plus de ce regard de Charlie Chaplin sur le puritanisme étonnant du monde actuel, j’ai aussi redécouvert dans ce film comment certains thèmes de notre société contemporaine étaient déjà traités il y a cent ans, comme les questions relatives au placement d’enfant et les risques d’abus au nom d’un dévoyé « bien supérieur de l’enfant » vidé de son sens et détourné du bien lui-même. Ce thème est au cœur de l’intrigue du film et est donc abordé frontalement.

Malgré la pauvreté évidente du père adoptif, Charlie Chaplin nous montre un homme qui prend soin de l’enfant, l’élève, l’éduque, lui apprend à se défendre, à cuisiner, à prier et cet enfant, il le nourrit largement. Avec une antiphrase tissée d’une douce ironie, Charlie Chaplin écrit à propos de la délégation de l’orphelinat « Le soin et l’attention appropriés ». Charlie Chaplin emploie ces mots pour décrire un homme qui ne s’abaisse même pas à parler directement à celui qui apporte jour après jour le soin et l’attention à l’enfant.

En janvier 2020 l’hebdomadaire Marianne publiait un article au sujet de la « présomption de la culpabilité » et je cite, « le risque […] de s’enfermer dans une interprétation postulant d’avance la dangerosité des parents ».

On a vu ce sujet régulièrement mis sur le devant de la scène par les gilets jaune qui ont animé le débat politique ces quatres dernières années, et le croquis de Charlie Chaplin d’il y a déjà 100 ans est toujours aussi incisif, et actuel.

Le sujet est resurgi dans des contextes plus sordides avec ce que certains appellent le « syndrome de l’aliénation parentale » : une doctrine qui suppose que, dans le cas d’un abus dénoncé par un enfant ou constaté sur un enfant, le parent qui cherche de l’aide pour apporter le soin et l’attention appropriée devrait en fait être considéré comme un manipulateur.

[Scène des regrets]

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Sorti en 1921, le film The Kid est entré dans le domaine public, mais j’ai découvert que la version que l’on trouve ordinairement dans le commerce est une réédition d’un nouveau montage datant de 1972 et supprimant trois scènes de la version originale de 1921. En terme de durée d’exploitation, cette nouvelle version est minoritaire.

Dans l’une de ces scènes originelles, que l’on retrouve heureusement en supplément, tandis que le livre du Passé s’ouvre au chapitre des Regrets, une phrase est prononcée, incomplète : « Comment pourrais-je expier la souffrance que j’ai — », et cette phrase est interrompue par une autre, suspendue elle aussi : « C’est trop tard désormais, à moins que l’enfant — »…

On y voit les souffrances de la mère qui a d’abord abandonné son enfant, et quand elle a regretté son geste, l’enfant était déjà perdu.

[Scène du bébé]

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Une autre scène montre la mère éprouver l’absence de son enfant. C’est en voyant un autre enfant que le souvenir la surprend, l’ébranle et creuse plus profondément ce manque, comme si elle ne pouvait s’empêcher de tenter d’y reconnaître le fils qu’elle a perdu.

Alors elle crie deux fois, dans le silence du film muet « mon bébé, mon bébé ». Celles et ceux qui se surprennent parfois à tenter de reconnaître parmi les enfants qu’ils croisent un enfant qu’ils n’ont peut-être jamais vu sauront quelle détresse Charlie Chaplin met à nu : au « péché de la maternité » notre monde ne propose désormais qu’un « c’est trop tard désormais », sans l’espoir d’un « à moins que ».

Cette scène a été retirée en 1972, alors que les États-Unis étaient en plein débat sur la légalisation de l’avortement, débats qui menèrent à l’arrêt Roe versus Wade en 1973. En France, la loi Veil fut promulguée en 1975. C’est à dire que ceux qui regardent le film aujourd’hui le regardent sans les scène qui explorent le regret et la souffrance de la perte d’un enfant, et plus mystérieusement, le regret et la souffrance de la perte d’un enfant non-désiré.

Peut-être ces scènes sont-elle plus difficiles aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 1921, car dans le film, l’espoir est possible aux yeux du spectateur, mais cet espoir n’est pas possible dans nos propres vies. Il est toujours possible de se reconnaître dans la femme qui se souvient de l’enfant qu’elle a perdu, mais il n’est plus possible de se reconnaître dans la femme qui retrouve son enfant. Et avec ces scènes de souffrance et de regrets aujourd’hui coupées, le dénouement heureux du film peut se transformer en profond désarroi pour le spectateur, car à une souffrance toujours très actuelle se succède un espoir d’un autre siècle, inaccessible.

[Scène du parvis]

Supprimée également en 1972, une scène montrait encore la jeune mère croiser la sortie d’un mariage où l’on voyait une jeune mariée au regard absent et paraissant peu enjouée d’avoir donné son consentement à un homme visiblement plus agé et probablement plus riche. Alors qu’un vitrail auréole fortuitement la mère qui se trouve dépassée par son enfant, l’homme piétine avec les félicitations du curé les fleurs de la jeune épouse autorisée…

Charlie Chaplin opposait une maternité présentée comme un péché et une maternité que l’argent ou la réputation peut acheter avec la bénédiction hypocrite de l’autorité morale du moment. Un siècle plus tard une nouvelle autorité morale voudrait que les moyens techniques permettent de se payer une autre maternité autorisée.

Si l’argent peut se payer une mère porteuse, cette maternité est bénie. Mais pour la femme contemporaine qui met tout de même au monde son enfant naturellement conçu, si elle vient à réclamer de l’aide il lui est reproché qu’elle avait toute liberté et tout moyen technique pour ne pas garder son enfant, qu’elle a choisi sa détresse. Si la mère choisit d’élever son enfant alors que ses moyens sont limités, et pire, qu’elle est seule, la mère est considérée comme irresponsable et indigne d’être aidée : elle aurait choisi sa situation, qu’elle assume ! Et dans ce contexte, aider matériellement une femme enceinte devient suspect.

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En cette fin d’année 2021, nous fêtons donc le centenaire du film « The Kid ». Techniquement le tournage se serait terminé le 30 juillet 1920. À l’été 2020, le gouvernement Castex nous ressortait le dossier bioéthique en précipitation, discutant de l’extension de la Procréation Médicalement Assistée, et ramenant le débat de la Grossesse Pour Autrui dans l’espace public. Je m’étais rendu compte comment la phrase de Charlie Chaplin « la femme dont le péché était la maternité », cette phrase prenait un sens nouveau.

La maternité prend aujourd’hui la forme d’un nouveau péché : le péché de réaliser ce qui est désormais réservé à une mécanique et à un marché.

Tandis que l’Assemblée Nationale vote l’extension du délai d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines, je me rends compte que le nombre de parents qui pourront se reconnaître dans ce cri silencieux « Mon bébé, mon bébé » ne fera qu’augmenter.

En avance des fêtes, je vous souhaites un bon ASvent et un joyeux Noël en avance, n’hésitez pas à méditer ces mystères devant la crèche. je vous souhaites aussi la bienvenue sur cette chaîne que je lance officiellement et que j’ai nommée « N’oubliez pas de vivre ». N’hésitez pas à vous abonner et à mettre la cloche, nous traiterons de divers sujets de société ou des sujets au cœur des mystères de notre humanité, à travers des œuvres artistiques comme nous venons de le faire, ou parfois à travers l’actualité avec, je l’espère, beaucoup de délicatesse. N’hésitez pas à faire connaître la chaîne, à partager cette vidéo, à regarder le film The Kid, j’ai mis des liens en description.

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En recevant mon jeu j’ai découvert dans le manuel du jeu que son entreprise soutien l’association Magnificat qui acueille les femmes enceintes et les accompagne dans leur maternité et les aide à préparer leur avenir.

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N’hésitez pas à découvrir et à faire découvrir ce jeu et les autres produits, vous ferez des heureux parmi les enfants et les grands et vous soutiendrez un artisanat français.


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Lecture conseillée : Enfanter une civilisation, La femme dont le péché était la maternité, Le péché de la maternité au tribunal du marché.

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