La légende de Beowulf, un film de l’Avent ?


Posté par Thomas Debesse le 14/12/2022 à 20:15. cc Licence CC by (copiez-moi !)

Transcription

La légende de Beowulf, un film de l’Avent ?
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Sommaire :

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00:01:07 Épisode
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00:16:22 Générique

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Épisode

Le film La légende de Beowulf, réalisé en 2007 par Robert Zemeckis, s’inspire librement d’un très ancien conte anglo-saxon. Le récit original a notamment inspiré des auteurs comme Tolkien. Le film apporte quelques changements à ce récit et ce qui m’intéresse aujourd’hui est l’histoire telle qu’elle est racontée dans ce film. Nous allons nous attarder sur le contexte dans lequel l’histoire du film se déroule.

Je vous présente ce film comme un film de l’Avent, pas un film de Noël, un film de l’Avent. Déjà ce n’est pas du tout un film à voir en famille avec les enfants, le film s’adressant à une audience expérimentée avec des scènes violentes et difficiles. Le propre d’un film de l’Avent, c’est, un peu comme le calendrier de l’Avent, de nous rappeler une certaine réalité de l’homme qui attend Noël.

On a un peu oublié que l’Avent ce n’est pas Noël. On a installé la crèche, on a déjà commencé à décorer, les vitrines des magasins nous vendent Noël tous les jours, et on a donc déjà l’impression d’être dans le temps de Noël. Mais il n’y a pas de Noël s’il n’y a pas de temps de l’Avent.

Il n’y a pas besoin de Noël si nous sommes parfaits, il n’y a pas besoin d’un sauveur pour celui qui n’a pas besoin d’être sauvé. Donc l’Avent, c’est le moment de se rappeler qu’on n’est pas aussi parfait qu’on le voudrait ou qu’on le fait croire.

J’ai découvert ce film, La légende de Beowulf, dans une vidéo d’une autre chaîne spécialisée dans la critique de film, Le fossoyeur de film, dans lequel le commentateur a intégré cette scène :

- Devons-nous aussi prier le nouveau dieu romain Jésus-Christ… peut-être peut-il soulager nos souffrances ?
- NOPE.

Cette emphase sur le refus d’un roi à la proposition de prier le Christ est un choix d’écriture de cette autre vidéaste. Ça a piqué ma curiosité, donc j’ai mis en pause cette vidéo, je me suis procuré le film Beowulf que j’ai regardé, puis j’ai repris la vidéo du fossoyeur. Et ce que je vais vous dire n’est pas dans sa vidéo à lui. Je lui laisse volontiers la charge de s’attarder sur le scenario, la mise en scène ou encore la critique de l’image qui est assez moche il est vrai. Mais ce que signifie ce refus, et ce qui va suivre ensuite, je vous le raconte.

L’histoire se passe au Danemark au 6e siècle, dans un monde païen où se développe un christianisme primitif.

Ce qui compte au roi Hroðgar comme au héro Beowulf c’est qu’un récit héroïque lui survive, ces héros voient leur éternité dans le conte qui chantera leur gloire, même si ce récit est tissé de mensonge. On retrouve le mythe païen de l’homme fort et la critique d’un christianisme qui ne laisserait l’humanité qu’avec « des martyrs pleurnichant, la peur et la honte ». C’est cette même critique qui, revenue au 20e siècle et glorifiant ce mythe de l’homme fort, a accouché de monstres païens comme le nazisme. Cette phrase résonne dans le film : « le temps des héros est mort, le dieu Christ l’a tué ». Ces héros servent leur vanité et leur orgueil, et leur héritage n’est pas dans la vérité mais dans le mensonge.

Ainsi une histoire se dessine à travers les personnages secondaires. Le conseiller Unferð est un homme de cour, il est présenté comme ingrat, lâche, jaloux et saoul. On apprend d’ailleurs qu’il a lui-même tué sa propre mère et ses frères pour adultère (*inceste). Il est l’homme qui jette la première pierre. Mais c’est aussi sa lâcheté et sa capacité à servir le puissant qui lui sauvent la vie et le maintiennent à la cour du Roi. C’est par cet homme très imparfait que l’on voit le Christianisme s’introduire petit à petit dans le royaume.

Peu à peu Unferð en vient même à incarner la figure de l’évêque avec sa grande croix pectorale. Sauf qu’au lieu d’un saint Rémy auprès de Clovis, on a un lâche auprès de rois païens, adultères et corrompus par le mal.

Unferð a un esclave boiteux qu’il bat tout au long du film, mais à la fin du film, ayant vu son église détruite par les flammes et sa famille brûlée vive, devenu vieux et sévèrement blessé il ne peut marcher qu’en s’appuyant sur l’épaule de son esclave. Conseiller du roi et autorité ecclésiastique il ne peut se tenir debout sans son esclave boiteux qu’il a battu toute sa vie. Il lui faut toute une vie pour découvrir qu’il n’est grand que quand son esclave le porte.

Dans sa lâcheté et ses compromissions, Unferð survit aux differents rois, et lorsqu’un roi meurt, c’est lui qui couronne le successeur.

Un autre personnage survit aux différents rois, c’est la reine Wealhþeow. Elle est la figure de l’humiliation et de l’humilité. Elle est celle qui accompagne et incarne le royaume dans sa lente conversion au christianisme. Les héros meurent avec leur paganisme, la reine n’a pas d’enfant mais c’est l’accouchement d’un nouveau royaume qu’elle accompagne. On peut faire un parallèle avec la figure de Jil dans le film « Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone. Les héros savent qu’ils ne survivront pas au récit, et Wealhþeow est la femme qui leur survit et qui emmène avec elle son royaume dans l’avènement d’une nouvelle civilisation.

Wealhþeow ne combat pas directement les monstres qui ruinent son royaume, mais elle doit supporter ces rois qui la trompent avec la créature même qui enfante ces monstres. La reine est aussi réduite à développer une amitié avec la jeune maîtresse du roi qui est d’ailleurs qualifiée par un dragon de vulgaire « réchauffeuse de lit ». La reine sait qu’elle partage avec la concubine une certaine condition, s’inquiétant chacunes à leur manière du roi et du royaume.

En arrière plan du film on voit cette reine attentive au christianisme naissant. On la voit broder des figures du Christ, porter discrètement la croix, prendre conseil auprès d’un accompagnateur spirituel. C’est la reine qui porte en elle la conversion du royaume.

On peut voir la reine, la concubine et le conseiller incarner chacun à leur manière un aspect particulier de la figure de Jérusalem telle que décrite dans le livre d’Ézéchiel au chapitre 16, on peut y voir le reflet de l’Église et le péché de ses ministres et de ses membres.

Au début du film après une calamité subie par le village, il est dit que les hommes sacrifient des chèvres et des moutons à Odin et Heimdall, C’est là qu’Unferð demande au roi Hroðgar s’ils doivent aussi prier le nouveau dieu Romain, le Christ Jésus, auquel le roi répond alors par la négative. À ce moment-là le Christ n’est qu’une divinité parmi d’autres, et on peut encore faire le parallèle avec l’ancien testament, où pendant un temps le Dieu unique des juifs n’est que le dieu unique de ce peuple parmi les dieux des autres peuples avant d’être professé comme un seul Dieu unique pour l’humanité.

Plus tard dans le film, la concubine parle du jour où la chanson de Beowulf est contée par les bardes, et elle dit que le jour d’après, ils célèbrent la naissance du Christ. Ainsi dans le film lui-même, la chanson de Beowulf est chantée pendant l’Avent, et la concubine nous dit que ce qui succède au récit héroïque païen, c’est la naissance du Christ.

Ce sont toutes ces choses qui font de Beowulf un film de l’Avent.

La vérité se fraie un chemin à travers ces hommes menteurs et lâches. Le héro païen croit d’abord qu’il ne vivra que dans le récit héroïque que les bardes chanteront à sa gloire. Mais lorsque Beowulf se meurt après un long règne épique et glorieux, il dit : « souviens-toi de moi, non pas comme un roi ou un héro, mais comme un homme faillible et imparfait ».

Et dans l’univers du film, cette parole de conversion est censée clore le récit de Beowulf que les bardes chantent pour clore l’Avent, la veille de la nativité.

Entre le roi vaincu par le monstre qu’il a enfanté et l’esclave qui porte son maître, on peut y voir l’illustration de cette phrase du Magnificat : « Il renverse les puissants de leurs trônes, et il élève les humbles ».

Notre société actuelle a complètement oublié la notion de conversion, mais pourtant il ne peut y avoir d’Avent s’il n’y a pas d’homme imparfait. Le temps de l’Avent n’est pas le temps de Noël, c’est le temps des hommes imparfaits, le temps des hommes païens qui doivent se convertir.

On a oublié notre devoir d’exiger de nous-même la conversion, et on a oublié le devoir d’exiger du prince et de l’évêque leur conversion. On attend lâchement la prochaine élection en espérant remplacer le prince. Lorsque quelqu’un fait une faute, on en demande la démission. Et lorsque c’est un évêque, il en viendrait à présenter lui-même sa démission, quitte à se soustraire à son devoir d’exemple public dans la conversion. La conversion doit redevenir une chose publique. La conversion doit redevenir une réalité politique. C’est-à-dire que les hommes qui ont charge de l’administration de la cité, qui ont ministère dans l’Église, qui ont responsabilité dans leur travail et dans leur famille, tous ces hommes et donc chacun de nous, ils doivent et nous devons réentendre que la priorité avant toute mission, c’est la conversion.

L’exigence chrétienne n’est pas la démission, c’est la conversion. La démission n’est exigible que si la conversion est refusée. La démission est un renoncement à la conversion. C’est donc un grave manquement à la charité que de soustraire son prochain à l’exigence de la conversion.

Il n’est pas charitable ni bienveillant de dire à son prochain qu’on ne lui demande pas la conversion car elle serait jugée trop difficile pour lui. Souhaiter la facilité à son prochain si cette facilité est celle de ne pas se convertir, c’est préférer sa damnation.

La cancel culture n’encourage pas la perfection ni la sainteté, elle encourage le mensonge et la démission. Comme Beowulf, le héro moderne fait chanter un récit à sa gloire qui ne peut être glorieux que parce qu’il tait ses erreurs et ment sur ses compromissions. Mais si le héro se révèle faillible, exiger la démission et l’oubli de l’homme, c’est renoncer à sa conversion. Ne reste alors que le récit hypocrite de ceux qui ont mieux menti que les autres.

Quand on voit cette parabole d’un royaume qui se convertit alors que l’annonce de l’Évangile est faite par des apôtres imparfaits, on se souvient qu’il y a pire qu’un mauvais prince : un prince qui ne se convertit pas. De même, s’il y a des Saint Rémi, il y a aussi des évêques qui se prostituent pour séduire le pouvoir, mais il y a pire qu’un évêque qui se prostitue : c’est l’évêque qui se prostitue mais qui en plus ne travaillerait même pas à la conversion du prince et du royaume. Il y a pire qu’un Pierre qui renie son Christ trois fois, ce serait un pape qui renoncerait à sa propre conversion.

Le lâche qui ne travaille pas à la conversion du royaume est pire que le lâche.

L’Avent est un espoir et le rappel d’une exigence. L’Avent nous rappelle que c’est précisément parce que nous sommes des pêcheurs que nous sommes invités à la crèche de Noël.

L’Avent est précisément ce temps qui doit nous faire accepter en vérité la réalité de notre humanité avec nos lâchetés, nos erreurs, nos échecs, nos perversions, nos crimes, nos travers et nos omissions. L’avent est ce temps où l’on renonce à se mentir à soi et aux autres, où l’on renonce à la facilité. L’Avent est le temps où l’on accepte de tomber le maquillage, les artifices, et les mensonges. C’est le récit d’Ézéchiel : Jérusalem et donc l’Église ne se rend pas belle par elle-même, quand Jérusalem tente de se faire séduisante, elle achète son péché avec les trésors qu’elle a reçus, déguise ses crimes, se prostitue, assassine les enfants de ses prostitutions… et elle doit être emmenée au désert pour se retrouver nue, sans bijoux, sans robe et sans arme. Alors seulement Jérusalem est prête pour l’incarnation, la nativité et la croix.

Alors que Beowulf agonise, il dit à son fidèle Wiglaf : « il est trop tard pour les mensonges ».

N’oubliez pas de vivre.

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Générique

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