Posté par Thomas Debesse le 31/03/2013 à 20:30. Licence CC by (copiez-moi !)
Lors de mes dernières aventures, j'ai photographié « La Manif Pour Tous » et ses manifestants sous de nombreuses coutures.
Le soir de la manifestation
Le soir de « La Manif Pour Tous », Manuel Valls était interrogé au micro d'i>TELE :
Premier mensonge : les organisateurs ont été débordés.
Le 22 mars, la préfecture de police déclarait attendre 100 000 personnes, le 24 mars à 17h50, elle annonce un nombre trois fois plus grand, 300 000. La préfecture de Police a donc elle-même reconnu avoir été débordée.
Que s'est-il passé sur les lieux autorisés, quand la police était débordée ?
Deuxième mensonge : ceux qui ont subi les mesures des forces de l'ordre sont des manifestants sur les Champs ayant bravé les interdits.
Date : 2013-03-24 16:07:17, localisation : 48° 52′ 25.43″ N, 2° 17′ 34.19″ E (avenue Foch).
Voir la photo originale.
Le policier sur la photo a effectivement fait usage de sa lacrymo, et ce sans sommation et à travers le cordon de sécurité mis en place par « La Manif Pour Tous », visant les manifestants et touchant évidemment les bénévoles en première ligne :
Date : 2013-03-24 16:05:13 (avenue Foch).
Date : 2013-03-24 16:05:14 (avenue Foch).
Sur ces photos, ceux qui subissent les lacrymos sont des manifestants normaux, sur un lieu autorisé, à l'heure prévue.
Cette scène a fait l'objet d'une vidéo :
Cette vidéo peut être également visionnée sur Dailymotion, ou bien téléchargée dans son format original.
Troisième mensonge : une situation délicate qui a été parfaitement maîtrisée par les forces de l'ordre.
Les policiers ont été dépassés par le nombre trop grand de manifestants, parce que sous-évalué. Ce sont les volontaires de « La Manif Pour Tous » qui ont réussi à rétablir l'ordre, en calmant à la fois les policiers et les manifestants.
Aussi, il est à noter que les manifestants étaient dans une très mauvaise situation. Est remise en cause la disposition des forces de l'ordre dans une situation mettant en danger les manifestants et bloquant les secours.
La tête de cortège de l'avenue Foch ne peut rejoindre la Grande Armée et toute l'avenue Foch est tenue à l'écart des événements.
Gazage avenue Foch :
Date : 2013-03-24 15:37:48, localisation : 48° 52′ 25.49″ N, 2° 17′ 33.91″ E (avenue Foch).
Victime avenue Foch :
Date : 2013-03-24 16:07:54, localisation : 48° 52′ 25.43″ N, 2° 17′ 34.19″ E (avenue Foch).
Le 26 mars à l'Assemblée Nationale
Ensuite, à l'Assemblée Nationale, Manuel Valls a ajouté :
Les faits qui sont reprochés à ces individus sont graves : agressions physiques contre les forces de l'ordre, dégradation de biens publics, jets de boulons. Ces actes, je l'ai déjà dit dans d'autres occasions, sont intolérables, aucune exception ne peut être justifiée. »
Plusieurs mensonges précédemment mis en lumière reviennent, le fait d'attribuer à « La Manif Pour Tous » la responsabilité de :
- l'incapacité de la préfecture de police à autoriser un lieu réclamé depuis le mois de janvier.
- l'incapacité de la préfecture de police de déclarer son incapacité à moins d'une semaine de l'événement (cette incapacité étant conséquence de l'incapacité précédente).
- l'incapacité de la préfecture de police à autoriser un lieu de manifestation avant la semaine de l'événement (cette incapacité étant conséquence de l'incapacité précédente).
- l'incapacité de la préfecture de police à préparer la sécurité d'un lieu de manifestation de plusieurs centaines de milliers de personne (cette incapacité étant conséquence de l'incapacité précédente).
On retrouve le mensonge des forces de l'ordre qui ont fait cesser des débordements.
Quatrième mensonge : parler d'enfants gazés est un amalgame
Enfants victimes avenue Foch :
Date : 2013-03-24 16:07:00, localisation : 48° 52′ 25.46″ N, 2° 17′ 34.10″ E (avenue Foch).
Refuser de compter des enfants parmi les victimes est un mensonge. Refuser de compter des enfants parmi les victimes sur les lieux autorisés est un mensonge.
Parler d'enfants gazé n'est pas un amalgame, ce qui est scandaleux c'est de les amalgamer à des « militants du bloc identitaire, des jeunesses nationalistes, de renouveau Français, du GUD, d'Europe Jeunesse ».
Cinquième mensonge : amalgame entre ces personnes et « La Manif Pour Tous » :
« Les faits qui sont reprochés à ces individus sont graves : agressions physiques contre les forces de l'ordre, dégradation de biens publics, jets de boulons. Ces actes, je l'ai déjà dit dans d'autres occasions, sont intolérables, aucune exception ne peut être justifiée. »
Puisque Manuel Valls reconnaît lui-même que les actes illégaux sont à imputer à des organisations étrangères à « La Manif Pour Tous », comment peut-il faire cet amalgame ?
Manuel Valls est capable de citer les noms des organisations étrangères à « La Manif Pour Tous » et leurs actions sur des lieux non autorisés.
Comment Manuel Valls peut-il justifier le gazage de familles de « La Manif Pour Tous » manifestant sur des lieux autorisés sans dégradations ni agressions physiques en citant les actes illégaux de personnes étrangères à « La Manif Pour Tous » sur des lieux non autorisés ?
En citant ces organisations distinctes de « La Manif Pour Tous » et attribuant leurs actes à « La Manif Pour Tous », Manuel Valls remet en cause l'honnêteté de ses propres paroles.
Ce cinquième mensonge en contient un sixième.
Sixième mensonge : Les actes des un justifient l'agression des autres.
Manuel Valls soutient que les actes des un justifient d'agresser d'autres, même ceux qui font exception (qui n'agressent pas et sont ailleurs sur un lieu autorisé).
Heureusement, une telle conception de la justice est erronée.
Septième mensonge : Il y a eu des dégradations de biens publics
Lesquels ? La citation des jets de boulons est également étonnante, Manuel Valls se serait-il trompé de manifestation en commentant le rapport d'une autre manifestation d'ouvriers d'une usine ?
Huitième mensonge : Manuel Valls est coherent.
Ce qui contient un mensonge de plus (celui qui ment en disant « je ne mens pas » ment deux fois)
Neuvième mensonge : Le gouvernement est cohérent.
En tant que ministre de l'intérieur, Manuel Valls ne peut être incohérent sans remettre en cause la cohérence du gouvernement.
Dixième mensonge : Les députés ne sont pas cohérent ».
Manuel Valls attribue à ses adversaires ses propres défauts.
Onzième mensonge : Manuel Valls salue la maîtrise, le sans-froid, le professionnalisme du préfet de police.
La maîtrise et le professionnalisme est facile à remettre en cause, en constatant que les forces de l'ordre ont été mises en danger par leur simple position. Voir aussi l'article du député Lionel Tardy qui commente la manifestation et d'autres événements plus tardifs.
Douzième mensonge : les policiers et gendarmes ont garanti l'ordre républicain.
On montre de manière assez évidente que les policiers et gendarmes étaient en situation d'insécurité pour eux-mêmes, ce qui les empêchaient de faire respecter l'ordre. À cela il faut ajouter les débordements de ces mêmes policiers et gendarmes envers les citoyens de la République Française. L'ordre républicain a été mis en danger par le ministère de l'Intérieur et la préfecture de Police, et les forces de l'ordre ont été le moyen de cette insécurité.
Treizième mensonge : les policiers et gendarmes ont évité tout drame.
Non seulement les policiers et gendarmes n'ont pu éviter tous les drames, mais ont été acteurs de drames, à cause de la mauvaise situation dans laquelle ils ont été placés.
La dernière parole (la responsabilité d'une mauvaise préparation) n'est que la répétition d'un mensonge déjà mis en lumière.
À propos des débordements
Manuel Valls cite la présence « des militants du bloc identitaire, des jeunesses nationalistes, de renouveau Français, du GUD, d'Europe Jeunesse », mais oublie de citer la présence de la Police Nationale :
Policier en civil frappant des manifestants
Policiers déguisés en casseurs fuyant sous la protection des CRS
Voir à ce sujet mon billet Avis de recherche.
Quand Manuel Valls ne ment pas
Manuel Valls a répété à plusieurs reprises qu'il n'y a pas eu de faute de la part des policiers.
Les français seraient rassurés si cette phrase était un mensonge, mais Manuel Valls ne peut pas mentir tout le temps.
Si cette phrase n'est pas un mensonge, alors la situation est très grave. En effet, la faute ne peut être imputée à un policier s'il exécute un ordre, la faute étant à reporter sur l'autorité qui lui a donné l'ordre.
S'il n'y a pas eu de faute de la part des policiers qui ont gazé des familles, c'est donc que ces gazages de famille étaient ordonnés par leur hiérarchie.
Ou bien Manuel Valls ment encore une fois, mais personnellement j'espère que les policiers ont fait leur travail tel qu'il leur fut demandé, avec professionnalisme.
Soit Manuel Valls avoue qu'il a menti encore une fois et désavoue les policiers, soit Manuel Valls reconnaît que les débordements policiers étaient des ordres. Dans tous les cas, les policiers sont victimes, avec les manifestants.
Pardon ?
Certains demandent à Manuel Valls qu'il fournisse des excuses.
Non, il ne faut pas attendre les excuses de Manuel Valls. Il faut même refuser ses excuses. Il faut attendre que Manuel Valls demande pardon.
Manuel Valls ne peut être excusé que s'il n'est pas responsable.
La différence fondamentale entre l'excuse et le pardon, c'est que l'excuse porte la responsabilité à la place de l'excusé et qu'ainsi l'excuse ne peut être reçue que si l'accusé reporte sa faute sur un tiers (l'excuse).
Le pardon ne peut être donné que si la faute est avouée et le fautif reconnu.
Le peuple français n'attend pas d'excuses, le peuple français attends que le ministre de l'intérieur reconnaisse ses fautes.
Alors seulement le pardon pourra être donné, la réconciliation est à ce prix.
La sécurité intérieure du pays est à ce prix.
Si Manuel Valls ne demande pas pardon, alors il est nécessaire pour la sécurité intérieure que sa charge de ministre de l'intérieur lui soit retirée.
Un ministre de l'intérieur ne peut être apte à assumer sa charge s'il nie l'insécurité objective du peuple français sur le territoire français.
Si le gouvernement ne retire pas à Manuel Valls sa charge de ministre de l'intérieur, alors la sécurité du peuple français n'est plus assurée sur le territoire français.
S'il est vrai qu'il n'y a pas eu de fautes de la part des policiers et donc que cette insécurité est ordonnée, et si le gouvernement ne retire pas à Manuel Valls sa charge de ministre de l'intérieur, alors le gouvernement reconnaît l'insécurité du peuple français sur le territoire français comme nécessaire à la stabilité du gouvernement français.
S'il faut retenir une phrase de Manuel Valls :