Posté par Thomas Debesse le 22/01/2015 à 07:12. Licence CC 0 (copiez-moi !)
Note : cette lettre date du 22 janvier mais est toujours d’une brûlante actualité.
Cher frère, j’avais commencé à t’écrire cette lettre bien avant ce drame du 7 janvier qui a fait 12 morts et d’autres encore les jours suivants. Je voulais alors te parler de quelques milliers d’autres morts que je croyais déjà de trop.
Je t’écris cette lettre parce que je sais que tu connais la valeur et la force de la prière et que tu sais combien Dieu est Miséricordieux.
Tu dois voir depuis de nombreux mois ces messages fleurir sur les réseaux sociaux et ces symboles jusque dans ta rue peut-être : « je suis nazaréen », « nous sommes tous nazaréens », et le nūn, cette lettre que tu dois pourtant rencontrer plus souvent dans tes prières que tous ceux qui la portent comme un symbole aujourd’hui : « ن ».
Cher frère, tu te demandes peut-être ce que signifie cette expression de « nazaréen », ce que signifie l’emploi de ce signe, et pourquoi tant de monde se signe avec. Si tu as déjà rencontré le mot « nazaréen » dans le coran, tu sais que c’est un mot qui y est employé pour désigner les chrétiens. Ce que tu ne sais peut-être pas, c’est que les chrétiens n’utilisent pas ce mot pour se désigner. C’est une expression coranique (comme par exemple en sourate La Vache, verset 62). D’ordinaire quand on entend un homme parler de chrétiens en employant ce terme, on sait qu’il est musulman. Alors pourquoi certains chrétiens se désignent-t-ils maintenant par ce nom ?
Ce nom de nazaréen est le nom qu’emploient les terroristes pour désigner les chrétiens, quand ces terroristes le font au nom de ta foi. Oh je ne dis pas que ta foi fera de toi un terroriste, mais que ces terroristes le font au nom de ta foi. Ces terroristes utilisent donc ce signe, c’est ce qui se passe en Syrie par exemple : ils peignent le nūn sur les murs des maisons des chrétiens : ce signe les désigne comme condamnés à mort, et ils n’ont pas d’autres choix que de fuir ou mourir. Beaucoup de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants sont morts, beaucoup ont fui, et beaucoup ont fui et sont morts tout de même.
Cela fait plusieurs années que ces atrocités durent et les victimes se comptent par milliers. Le nūn, ce signe stigmatisant, a été alors repris par tous ceux qui voulaient témoigner de ce drame silencieux qui n’émeut guère notre société. Ce signe n’est pas une fierté chrétienne, ce signe signifie « je suis une cible ».
Lorsqu’un homme dit « je suis nazaréen », il dit « je suis moi aussi une cible pour ces terroristes ».
Lorsque tu vois un homme porter le nūn, tu sais qu’il est un homme à abattre, qu’il est déjà condamné, et que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne soit tué au nom de l’islam.
Alors voici, tu n’es pas un terroriste, et merci. Tu ne comprends d’ailleurs peut-être pas pourquoi tous ces hommes qui tuent et violent se disent musulmans. D’ailleurs, ces terroristes ne font pas que tuer les chrétiens et dynamiter les églises chrétiennes, tuent aussi des yézidis et dynamitent les mosquées musulmanes¹, et ils tuent aussi les musulmans quand ils pensent que ces musulmans ne le sont pas assez…
Meurtre, viol, esclavage… Voilà ce qu’on vu les survivants² : « Les jolies femmes ont été vendues entre quinze et vingt-cinq dollars chacune. Ils vendent les femmes comme des animaux. Les femmes ont été éventrées et les enfants décapités. Le sang coulait comme une rivière ».
Voilà ce que rapportent d’autres survivants³ : « C’est simple, ils ont violé quasiment toutes les femmes. Leur but était de ne laisser aucune fille vierge, et ils ont pris aussi les femmes mariées qui leur plaisaient. ». Eux même disent « Ils sont vendus par nos soldats, tout comme les infidèles étaient vendus par les compagnons du Prophète ».
Ils se disent plus musulmans que toi, et à ce titre, tu mérites la mort aussi en fait. Tu n’est pas un nazaréen, mais tu es toi aussi condamné.
C’est pourquoi je t’écris, cher frère, car tu es toi aussi condamné et tu dois toi aussi trouver une solution pour sauver ta peau.
Beaucoup de musulmans comme toi se sont indignés, et tu t’indignes certainement aussi. Tu ne comprends pas comment on peut tuer ainsi des hommes, des femmes et des enfants. Tout ce que tu veux c’est la paix et l’amour et tu y crois sincèrement. Ta première réaction fut de montrer ta désapprobation et de te désolidariser publiquement de ces meurtriers qui disent agir au nom de ta foi.
C’est ainsi que, suite au mot-clé #ن des chrétiens, beaucoup de musulmans ont renchéri avec le mot-clé #notinmyname, « pas en mon nom ».
Malheureusement, si tu déclares que toutes ces atrocités ne sont pas faites en ton nom, et que tu ne les cautionnes pas, cela ne les empêchera jamais de tuer, et cela ne te sauvera même pas quand on viendra te tuer toi aussi.
Certains musulmans commencent même à dire : « pourquoi devrions-nous nous désolidariser, cela signifierait-il que nous soyons solidaire à la base ? ». En fait la question est pertinente et la réponse est très facile : c’est en tant qu’homme que tout homme doit se désolidariser de ces assassins, et il ne faudrait pas que les musulmans soient les seuls exemptés de l’examen de conscience.
Les cimetières sont remplis de cadavres de personnes qui ont dit un jour ou l’autre « ce n’est pas moi », et tous ces morts qui ont dit un jour « ce n’est pas moi » n’étaient pas tous musulmans, mais tous sont morts.
Alors voilà. Désormais, c’est à coté de chez toi que ces terroristes tuent. À tous ces milliers de morts s’ajoutent d’autres morts. Ces quelques morts là émeuvent beaucoup de monde parce que certains de ces hommes étaient très connus, et puis ils n’habitaient peut-être pas très loin de chez toi. Malheureusement, ce ne sont que quelques morts de plus, et c’est là qu’est certainement le pire de l’horreur dans cette affaire : ils ne sont que quelques morts de plus, une tragique minorité qui révèle l’ampleur de l’horreur.
Quelques jours plus tard⁴ : 16 villages rasés, 2000 morts, 20 000 déplacés. Et encore une fois, ces terroristes se disent plus musulmans que toi, ce qui signifie qu’ils pourraient te tuer aussi.
Le problème n’est pas de brandir #notinmyname, le problème à résoudre c’est « que pouvons nous faire chacun pour prévenir le terrorisme ? » et chacun cela inclut également les musulmans, toi aussi.
Cher frère, aujourd’hui tu as peur que l’on te confonde avec ces terroristes, tu n’es pas de ces gens-là ! Encore une fois tu vas t’efforcer de démontrer à tous ceux que tu pourras que non, tu n’es pas un terroriste, que d’être musulman ne fait pas de toi un terroriste, et encore une fois, tu auras certainement raison, mais surtout tu seras impuissant.
Encore une fois, tu vas beaucoup t’épuiser pour démontrer aux non-musulmans qu’il ne faut pas confondre islam et terrorisme. Pourtant, lorsqu’un non musulman confond islam et terrorisme, s’il n’est pas animé par une véritable recherche de vérité, il peut devenir éventuellement un haineux. Lorsqu’un musulman confond islam et terrorisme, il devient un meurtrier. C’est pourquoi tu vas t’épuiser à laver ton image, et c’est légitime, mais en soignant ton image tu ne résoudras jamais le problème du terrorisme.
Tant qu’il y aura des musulmans qui confondront islam et terrorisme, tant que personne n’empêchera des musulmans de faire cette confusion, il y aura toujours des islamistes.
Et tant qu’il y aura des islamistes, tu devras sans cesse prouver aux autres que le fait d’être musulman ne fait pas de toi un terroriste. C’est pourquoi tu t’épuiseras. Tu as peur aujourd’hui d’être pris pour un terroriste, mais, je crains que tu aies cette peur toujours avec toi, tant qu’il y aura des hommes pour confondre islam et terrorisme.
Qu’est-ce que chacun peut faire pour empêcher cela ? Que peux-tu faire toi aussi pour empêcher un homme, un seul homme, de cheminer vers le terrorisme ? Et si un jour tu étais témoin du chemin d’un homme vers le terrorisme, que pourras-tu faire ? Que doit faire un musulman qui est témoin du chemin d’un homme vers le terrorisme, comment doit-il agir ?
Cher frère, tu connais mieux l’islam que moi. Si tu es convaincu que l’islam n’est pas le terrorisme, alors travaille aujourd’hui à ce qu’aucun musulman ne fasse cette confusion.
Cher frère, ce n’est pas en ton nom qu’ils tuent, tu le dis, mais eux disent que c’est au nom de ta foi, et disent que tu es un mécréant. Cher frère, tu as peur aujourd’hui d’être pris pour un terroriste, mais tu auras bientôt peur d’être parmi ces morts.
Ce n’est pas en ton nom qu’ils tuent, tu le dis et le répète, mais dis et répète aussi pourquoi ils choisissent de le faire au nom de ta foi … Pourquoi tiennent-ils tant à tuer au nom de ta foi, au nom de ton prophète, au nom de ta foi en Dieu ? Dis-nous pourquoi ils pourraient même te tuer comme ils ont tués d’autres musulmans en ce nom là ?
Cher frère, je te sais croyant, je te sais priant, et je sais que tu connais la force et la valeur de la prière, et c’est pour cela que je t’écris cette lettre, car j’ai confiance dans la force et la valeur de ta prière.
Il n’y a qu’une seule solution au terrorisme, et ce n’est pas la mort du terroriste qu’un autre terroriste vient remplacer aussitôt. La seule solution au terrorisme, c’est la conversion. Et cette seule solution, tu ne l’obtiendras que par ta prière.
Cher frère, tu dis que ta foi est une foi de paix et d’amour. Alors je te propose de te battre toi aussi contre le terrorisme avec l’arme de la paix et de l’amour : la prière.
Cher frère, ne perds pas de temps à convaincre les uns et les autres avec des « pas en mon nom ». Prie.
Dans ta prière, demande à Dieu que jamais un homme ne tue au nom de Dieu.
Dans ta prière, demande à Dieu que jamais un homme ne tue au nom de l’islam.
Dans ta prière, demande à Dieu que jamais un homme ne tue au nom de ton prophète.
Dans ta prière, demande à Dieu qu’il n y ai plus ni viol, ni décapitation, ni lapidation, ni esclavage.
Dans ta prière, demande à Dieu que les enfants soient épargnés.
Dans ta prière, demande à Dieu que ceux qui tuent au nom de Dieu se convertissent.
Dans ta prière, demande à Dieu que ces assassins pleurent leurs fautes.
Dans ta prière, demande à Dieu que tous ceux qui ont été tués par ces assassins soient accueillis par Dieu dans son Paradis, toi qui sais combien Dieu est miséricordieux.
Dans ta prière, demande à Dieu de ne pas haïr ceux qui tuent au nom de Dieu et qui salissent ton image, car si tu hais un homme, ta haine nourrit ses crimes, et il pourra te tuer pour ça.
Voici mon cher frère ce que tu peux faire aujourd’hui pour empêcher des hommes de tuer d’autres hommes au nom de ta foi, et pour empêcher qu’un jour, ce soit toi que l’on vienne tuer, au nom de ta foi.
Voici que je te propose l’action la plus efficace pour en terminer avec le terrorisme : la prière, et cette prière ne doit pas se faire sans toi.
Cher frère, il t’est très facile de prier pour bénir Dieu, il t’est très facile de prier pour ceux que tu aimes, ta famille, tes frères. Mais ça, tout le monde sait le faire. Par contre, chère frère, tu seras un priant exceptionnel devant Dieu si tu pries même pour ceux qui tuent au nom de ta foi, et si tu prie même pour ceux qui viendront te tuer.
Cher frère, j’ai une dernière chose à te dire.
Cher frère, si quelque chose en ta foi te retient de prier pour une seule de ces intentions, alors prie pour en devenir capable. Sache que ta vie est en danger. Être musulman ne te sauvera pas du tueur qui se croit plus musulman que toi. Ta seule chance de survie est dans la conversion de ce tueur, et pour ça tu dois prier Dieu, dont tu connais la miséricorde.
Ainsi, cher frère, si quelque chose en ta foi te retient de prier pour une seule de ces intentions, si quelque chose en ta foi te retient de prier pour sauver et ma vie et la tienne, alors pour ma vie et pour la tienne, je serais obligé de prier pour ta conversion. Si quelque chose en ton cœur te retient de prier pour toutes ces intentions, je serai obligé de prier pour que Dieu te voit refuser l’islam, et tu connais la valeur et la force de la prière.
Si tu ne sais quels mots employer, voici comment je prie :