Être formé comme Henri


Posté par Thomas Debesse le 01/07/2023 à 16:45. cc Licence CC by (copiez-moi !)

Être formé comme Henri
→ regarder sur la chaîne Youtube N’oubliez pas de vivre (Licence CC By)

Sommaire :

00:00 Introduction
00:25 Être formé comme Henri
03:07 Le christianisme : vertu et courage
09:02 Le scoutisme : être prêt et servir
14:09 Le pèlerinage : fidélité, confiance, dépassement, enracinement
22:19 Missio : amitié, prière, formation, action
31:27 Informations
32:27 Générique

[épisode]

Extrait vidéo :
« Au milieu des lavandes
Qui parfument les sommets
Sur les chemins de hautes landes
Une jeunesse marchait.

Mystérieux destin qu’elle n’a pas vraiment choisi
Que celui de marcher sur les sentiers de l’oubli.
70 âmes de feu, des âmes d’acier
Parties chercher on ne sait quel trésor caché.
Une lumière intérieure, un souffle de vie. »

[titre]

Être formé comme Henri

Cette voix que vous venez d’entendre est la voix d’Henri d’Anselme, ce « héros au sac à dos » qu’on a vu s’interposer à un homme qui poignardait des enfants dans un parc à Annecy. On a vu Henri, au risque de sa vie, faire tout ce qui était en son pouvoir pour défendre les enfants avec le peu de moyen qu’il avait à ce moment-là.

Certaines personne ont trouvé suspect qu’on puisse dire qu’Henri a été formé et que son geste est le fruit d’une formation.

Ricardo Parreira, journaliste indépendant a écrit sur Twitter qu’ «  apparemment “Il a été formé et éduqué pour réagir à ce genre de situation”. Je comprends mieux pourquoi son discours me semblait très travaillé ». Et… ça l’inquiète. Le fait de dire qu’Henri a été formé est suspect à ses yeux. La seule idée qu’un homme soit formé devient suspecte. Le fait que cet homme ait un discours construit, ou tout simplement le fait que ses actes et ses paroles soient cohérents, c’est devenu quelque chose de suspect, aujourd’hui. De son côté Nils Wilcke, journaliste chez 20 Minutes, a cité la phrase d’Henri « j’ai agit instinctivement, comme tout français devrait le faire », et a commenté sur Twitter : « Un discours un brin illuminé ». Dans le journal Libération, Daniel Schneidermann ironise et doute : « En termes profanes, Henri, avez-vous vu la Vierge ? Entendu des voix ? Mais non. Henri n’a pas d’autre source d’inspiration que, encore et toujours, les cathédrales ». Dans 20 minutes, Xavier Regnier écrit qu’« Henri n’en reste pas moins un humain… avec son passé et ses éventuelles casseroles ».

Alors quelle serait cette formation qui, dans le passé d’Henri, serait suspecte aux yeux des contributeurs de Libération ? Qu’est-ce qui, dans la vie d’Henri, serait considérée comme une casserole par les journalistes de 20 Minutes ? Ses origines ? sa famille ? son pays ? sa foi ? ses amitiés ? sa formation ? Quelle serait cette élite de 70 personnes dont parle Henri dans sa vidéo ? Car cette vidéo d’Henri précède son geste de près de deux ans. Il l’a publiée en 2021. Au moment où je rédige ces mots, la vidéo d’Henri n’a pas fait 100 vues sur une chaîne qui n’a pas 15 abonnés. On parle vraiment d’un cercle très restreint, d’une élite. Cette vidéo était pour Henri le moyen d’exprimer un remerciement, il remerciait pour ce qu’il a reçu, et en particulier pour la formation qu’il a reçue.

Oui Henri a été formé, et je prétends même avec certitude, et j’en apporte la preuve que son acte a été préparé et dirigé.
Mais, êtes vous prêt à entendre la vérité…?

Le christianisme : vertu et courage

Extrait vidéo :
« Ils ont fui les incendies du monde, sont venus respirer
loin de la folie de ceux qui ont cessé d’exister.
Ils marchent vers un repli volontaire, qui leur sauvera la vie.
Une ouverture au beau, un acte de folie. »

On a dans ces mots d’Henri, la description, l’annonce de ce qu’il vient de faire : inspiré par l’incendie de Notre-Dame, sa marche de cathédrale en cathédrale l’amène dans cette ville d’Annecy à sauver la vie de ces enfants. Il y a deux ans déjà il parlait de cette ouverture au beau et de son acte de folie. Ces mots d’Henri, ils ont deux ans. Il était prêt. Son discours était prêt, et il était déjà dans la disposition mentale nécessaire pour poser son geste.

Confrontés au discours d’Henri, sa construction, sa cohérence, son éloquance et son vocabulaire, confrontés à son amour du patrimoine français et catholique, son témoignage non-dissimulé de foi, sa familiarité avec la liturgie catholique traditionnelle , sa capacité à porter le drapeau de son pays, certains ricanent, d’autre expriment doute, suspicion, crainte et peur. En fait il y a deux réactions derrière les ricanements et la suspicion : 1. la jalousie et 2. la peur de l’inconnu. Ces deux réactions sont basées sur un même constat : celui de ne pas avoir eu la même formation et d’en ignorer même le contenu.

La première formation d’Henri c’est le christianisme, en particulier le catholicisme. Un élément essentiel de la formation catholique est la notion de vertu. La vertu est un habitus dans le bien. C’est-à-dire une habitude à faire le bien. La vertu est un entraînement à faire un bien de manière à ce que ce bien devienne instinctif. L’exercice de la vertu consiste à s’exercer à ce que le premier réflexe soit le bon.

Henri a dit plusieurs fois des choses comme « j’ai pas réfléchi, c’était très naturel d’intervenir » (Le Parisien, 1:53) ou encore « et à ce moment-là en fait on débranche le cerveau et on agit un peu comme un animal par instinct » (BFMTV, 1:21).

Lors de l’attentat du Thalys en 2015, les hommes qui avaient neutralisés le terroriste avaient déclaré de la même manière « On n'a pas pensé, on a juste agi ». Ces hommes étaient de formation militaire. Ce n’est pas la formation d’Henri, mais la recette pour une gestion de crise efficace est la même : il faut être préparé et exercé, physiquement et mentalement, à agir immédiatement et à en prendre le risque. Quand quelque chose de grave se produit, on n’a pas le temps de penser l’acte que l’on va poser, il faut poser un acte, et il faut que l’acte posé soit le bon du premier coup. C’est l’objet de la vertu de travailler cela. Le courage d’Henri n’est pas quelque chose d’inné, il est travaillé, ce n’est pas un super pouvoir.

Si pour poser un acte courageux du quotidien, cela demande un effort, alors l’effort demandé sera encore plus grand quand il faudra poser un acte de courage exceptionnel. Le but de la vertu c’est que vous n’ayez plus besoin de faire un effort pour faire quelque chose de bien. Le but de la vertu c’est que lorsque vous avez besoin de courage, le courage ne vous coûte rien parce qu’il est déjà un réflexe, et si vous avez besoin d’un courage exceptionnel, comme Henri vient de le faire, il ne vous faudra que ce qu’il manque au-delà de ce que vous avez déjà acquis.

Henri a lui-même évoqué l’exemple d’Arnaud Beltrame, cela signifie que l’exemple d’Arnaud Beltrame a participé à la préparation mentale d’Henri. Pour cela il a fallu qu’Henri soit disposé à le recevoir comme un exemple.

Avec le courage et la vertu, le christianisme forme à la défense du plus petit et du plus faible. C’est une phrase de Jésus dans l’évangile : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait ! ». Ce que l’on fait à un enfant, c’est au Christ, et à Dieu qu’on le fait. Et cette phrase est à double tranchant : pour celui qui fait du mal à l’enfant son crime est infini, pour celui qui protège l’enfant sa charité est infinie. Cela décrit exactement ce qui s’est passé à Annecy. Cette conviction chrétienne, si elle est exprimée dans la vie de manière répétée, elle devient une vertu qui rend l’homme disponible à l’exprimer à nouveau à chaque fois que nécessaire.

Le chrétien a aussi la conviction qu’il est déjà mort, et déjà ressuscité. Ça signifie que sauver sa peau plutôt que défendre le plus faible, ce n’est pas seulement une lâcheté, c’est une idolâtrie, et un gâchis. L’idolâtrie qu’est-ce que ça veut dire ? L’idolâtrie c’est servir la mauvaise divinité, servir un faux Dieu, faire pour quelque chose un sacrifice que cette chose ne mérite pas. L’idolâtrie c’est se tromper d’objectif, l’idolâtrie c’est servir la mauvaise cause.

Je reprends ce principe évangélique : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait ! ». Pour suivre ce principe évangélique au moment où on s’y attend le moins, il faut y être préparé, mentalement et physiquement.

Il ne faut pas s’étonner que le discours soit cohérent dans le temps, ni que les actes reflètent le discours, car l’agir est alors non-seulement le témoignage d’une pensée incarnée et la marque d’une formation, mais l’agir est dirigé par cette pensée et le fruit de cette formation. L’acte d’Henri a été dirigé par l’enseignement du Christ du soin du plus faible et préparé par la formation de vertu qu’il a reçu.

Le scoutisme : être prêt et servir

Extrait vidéo :
« Ils sont arrivés le cœur en fête, ont laissé exploser leur joie, leur énergique jeunesse.
Ils ont écouté, étudié, discuté. Ils ont surtout prié. »

Le fondateur du scoutisme Baden Powel a écrit dans son livre Éclaireurs en 1908 :

« La devise scoute est : SOIS PRÊT, ce qui signifie que tu es toujours en état d’agir, dans ton corps et dans ton esprit, pour faire ton DEVOIR. Sois Prêt dans ton Esprit par ta discipline personnelle et en étant obéissant à tout ordre, et en étant paré à toute éventualité potentiellement problématique, de sorte que tu saches quoi faire à quel moment, et fais-le s’il le faut. Sois Prêt dans ton Corps en te faisant fort et actif, en te rendant capable de faire la chose juste au bon moment, et fais-la s’il le faut. »

Être prêt implique une préparation physique et mentale. Là encore il s’agit d’éduquer le réflexe, de forger le réflexe, pour que lorsque seul l’instinct a la réactivité nécessaire pour agir, l’acte posé soit le bon, et sans délai.

Même dans l’acte solitaire d’Henri la notion d’obéissance est nécessaire, car il faut avoir appris à obéir pour être capable de s’obéir à soi-même, d’obéir à sa conscience, quand la conscience personnelle ordonne un geste qui met la vie du corps à risque.

Le scoutisme a aussi comme devise de faire toujours de son mieux. J’en avais parlé dans une vidéo sur le pèlerinage de Chartres. Faire de son mieux à chaque instant c’est aussi ce qui permet d’être prêt quand il faut poser un acte de courage plus grand qu’à l’ordinaire. Faire de son mieux à chaque occasion, c’est se dépasser à chaque occasion, ça veut dire être prêt à se dépasser même à un moment qui n’est pas prévu, et dans des circonstances imprévues.

Le scoutisme apporte aussi une conception ecclésiale du corps social. La patrouille, le chapitre, l’équipe, le groupe, la société, c’est un corps. Chaque personne a son rôle et chacun doit être protégé, comme on prend soin de chaque partie du corps. Cela amène une certaine conception du chef. Le mot « chef » signifie littéralement « la tête », un couvre-chef, c’est un autre mot pour « chapeau ». Un autre mot pour chef, c’est « capitaine ». La « capita » c’est le mot pour dire « tête » en latin. Le chef n’est pas quelqu’un qui est loin, qui tire des ficelles. La tête fait partie du corps, marche avec le reste du corps, et prend les mêmes risques que le corps.

En entreprise certains disent que les anciens scouts font de très bons « managers ». En fait ceux qui disent cela disent qu’un ancien scout est une personne très compétente au poste que le marché du travail appelle « manager », mais cette compétence du scout ne vient pas de la doctrine managériale, cette compétence vient de sa formation de chef. Le scout est un capitaine.

Le scout est formé a une pensée anthropologique du groupe en tant que corps social qui est objet de soin et communauté de service. Être chef n’est pas un privilège, être chef n’est pas une catégorie sociale. Être chef c’est un service, c’est un devoir. Dans un corps, si la jambe fait n’importe quoi, le corps va nulle-part, mais de même, si la tête fait n’importe quoi, le corps va nulle-part. Chacun a son rôle et chacun compte sur l’autre. L’équipe compte sur le chef. Le chef a des comptes à rendre à l’équipe. Il y a donc dans le scoutisme une formation à la subsidiarité et une doctrine sociale du service.

Et on en vient à la notion de service, et au devoir envers la communauté. Le chef est d’abord un serviteur. Et puisque chaque personne dans une équipe est à son tour un serviteur, le chef est le serviteur des serviteurs. Le chef doit obéir à son devoir de rendre le service qui lui est demandé. Henri a été formé au service, à rendre service. Rendre service, ce n’est pas faire plaisir à quelqu’un. Rendre service c’est porter assistance à quelqu’un.

Le service est un acte d’assistance à l’égard de l’autre, et le scoutisme est une excellente formation au service. La bonne action est au cœur du scoutisme. Le service est au cœur du scoutisme, et la vertu est au cœur du scoutisme : Être prêt. À servir. De son mieux.

Dans le chant scout « Cœur de Jésus, notre chef, notre frère » écrit par le père Jacques Sevin en 1922, le scout chante par cœur « Apprenez-moi à être généreux, Apprenez-nous à donner sans compter, À guerroyer sans souci des blessures ». Et ça veut dire que le scout quand il chante cette chanson, il demande à Dieu de lui apprendre à être prêt à défendre des bébés face à un couteau quand il n’est armé que d’un sac à dos.

L’acte d’Henri a été dirigé et préparé par le scoutisme : « faire de son mieux » c’est la direction, « être toujours prêt » c’est la préparation.

Le pèlerinage : fidélité, confiance, dépassement, enracinement

Extrait vidéo :
« Leur voyage est beau.
Et c’est justement ce qu’ils sont venus chercher :
un soupçon d’absolu.

Quotidiennement abandonnés,
Ils consentent à leurs souffrances, et dépassent leurs limites.
Folie pour les hommes, folie pour le monde.
Ils poursuivent un idéal.
Leur marche est déjà un pas dans l’au-delà. »

Henri est aussi un pèlerin expérimenté. C’est sa marche de cathédrale en cathédrale qui l’a amené à Annecy, mais cette marche n’est pas une nouveauté. Henri est par exemple coutumier du pèlerinage de Chartres. Dans le n°269 de l’Appel de Chartres, le philosophe Thibault Colin dit au sujet d’Henri :

« Henri est un habitué de notre pèlerinage de Chrétienté. Il a fait des études de philosophie à l’IPC où il a complété sa formation spirituelle, intellectuelle et morale reçue dans sa famille, et dans le scoutisme. Bref, c’est un jeune homme comme nous en connaissons tous des dizaines… Dès lors, quand il dit qu’il a agi comme tout Français l’aurait fait, on peut estimer qu’il dit vrai, nonobstant sa belle modestie. Mais il apporte une condition nécessaire : “à partir du moment où il accepte de relever la tête”. »

Je ne parlerai pas de la famille d’Henri, ni de ses écoles, mais pour ce qu’il en est du pèlerinage, j’ai déjà dit combien le pèlerinage est une école de fidélité. Cela revient à la question du courage, et ce que devient le courage quand il est entraîné comme une vertu. Dans une précédente vidéo j’avais dit :

« il faut du courage pour faire un pèlerinage, mais pour le faire vingt fois, ce n’est pas du courage qu’il faut, c’est de la fidélité ».

Je ne sais pas combien de pèlerinages a pu faire Henri, ni lesquels il a fait, mais on voit bien dans l’acte d’Henri la manifestation de ce que j’avais écrit :

« Le courage c’est de faire l’effort, de se dépasser, et d’être présent. Être fidèle c’est le devoir de faire l’effort, de se dépasser, et d’être présent ».

Henri n’a pas seulement eu du courage, il a répondu à un devoir, au devoir d’être courageux. Et Henri a été fidèle, fidèle à une promesse, celle d’ « aider son prochain en toute circonstance » comme le commande la Promesse des Scouts d’Europe. S’il faut se justifier de poser un acte courageux, la fidélité demanderait de se justifier de ne pas poser un acte courageux. La fidélité c’est de tenir sa parole, sa promesse, pas seulement comme un acte extraordinaire, mais de manière ordinaire.

Le pèlerinage est aussi un enracinement. Henri ne pourrait marcher de cathédrale en cathédrale s’il n’y avait pas de cathédrale. Le pèlerinage n’est pas qu’une destination, c’est aussi un point de départ, et un chemin. Le chemin est une école d’abandon. Henri a dit qu’il s’était trouvé dans ce parc à Annecy parce qu’il allait rendre une dernière visite à la cathédrale d’Annecy avant de se diriger vers l’autoroute pour repartir en auto-stop. Le marcheur sait combien il est dépendant de son environnement et de la charité de ceux qu’il croise. Avant de pouvoir se mettre au service de son prochain, l’auto-stoppeur se rend dépendant du service de son prochain. L’auto-stoppeur sait qu’il est entièrement abandonné à l’autre. Il remet littéralement sa vie à des inconnus. Le voyageur connaît cette notion d’abandon, et de pauvreté.

Ricardo Parreira a écrit sur Twitter : « Ce qui m'a conduit à écrire ce tweet est le choix du t-shirt qu'Henri fait pour se faire découvrir en France », avec une photo d’une interview sur BFMTV. En fait ce n’est pas seulement le t-shirt qu’Henri a porté pendant ses interviews, c’est le t-shirt qu’il portait quand il s’est interposé face au tueur, quand on le voit filmé par un tiers. Quand ce journaliste écrit « le choix qu’Henri fait pour se faire découvrir », j’aimerai connaître les sources de ce monsieur.

Alors, je veux bien entendre que l’obstruction légale en France sur les images d’attentats n’aide pas les indépendants à enquêter, surtout si l’enquêteur indépendant est contraint à l’immédiateté de Twitter. Je vous apporte donc le résultat de mes recherches. J’ai retrouvé la vidéo sur un réseau social qui n’est ni européen ni américain, et qui n’est donc pas soumis à la censure française, et c’est bien ce même t-shirt que porte Henri lorsqu’il défend les enfants. Quand aux vidéos qu’Henri diffuse lui-même sur sa page Instagram, ce sont des selfies et les logos sont hors-champ. On parle donc bien du t-shirt porté par Henri lors de l’attentat.

Celui qui a déjà fait un long voyage avec pour seul bagage un sac à dos sait que le choix vestimentaire d’Henri a été décidé deux mois plus tôt quand il a fait son sac avant son départ, et qu’il ne peut mettre qu’une poignée de t-shirts dans son sac. Celui qui expérimente ce genre de marche transporte avec lui un nombre restreint de vêtements qu’il lave au fur et à mesure. Le marcheur n’a pas vraiment la liberté de choisir ce qu’il porte au jour le jour.

On en revient au sujet de la formation et de l’ignorance. Le journaliste aurait pu faire des recherches plus approfondies. Et si l’idée de contacter un responsable des Scouts d’Europe, de Notre-Dame de Chrétienté ou de Missio l’impressionne, le journaliste pouvait par exemple, contacter la Mad Jacques, qui est une société totalement laïque qui organise des courses en autostop. Ils sauront lui trouver un interlocuteur qui pourra expliquer au journaliste les conditions de vie du marcheur et en particulier de l’auto-stoppeur. En fait le journaliste pourra probablement trouver parmi ses collègues quelqu’un qui a déjà interviewé un marcheur.

Bruce Toussaint a demandé à Henri sur BFMTV (5:27) :

« et ensuite qu’est-ce que vous avez fait une fois que ces premiers gestes étaient effectués, vous êtes rentrés chez -vous, vous avez fait quoi ? ».

Mais Henri est sur la route, à ce moment-là son chez-lui c’est son sac à dos. On en revient à la question de l’ignorance de ce que vit Henri. Les réponses sont en fait très simples : Pourquoi Henri porte-t-il ce t-shirt ? Henri porte simplement les vêtements qu’il a mis dans son sac deux mois plus tôt, c’est le t-shirt qui était propre le matin de l’attentat. Pourquoi Henri était-il dans le parc d’Annecy ce jour-là ? Parce que c’était son chemin. Pourquoi Henri s’interpose-t-il avec le tueur ? Parce qu’il est formé à avoir comme réflexe de défendre le plus faible. Pourquoi il risque sa vie ? Parce qu’il est formé à ne pas se tromper de priorité. Pourquoi il n’hésite pas ? Parce qu’il est formé à être toujours prêt. Henri était déjà prêt. Du détail vestimentaire au vocabulaire utilisé dans son discours Henri révèle simplement ce qui lui est immédiatement disponible, et qu’il est lui-même immédiatement disponible.

Le pèlerin, le marcheur, doit être prêt à chaque instant. Le pèlerin est détaché. Il est sur la route. Le pèlerin est économe. Tout ce dont il a besoin est dans son sac, il s’est déjà détaché de ce qui est superflu. Chaque gramme supplémentaire doit être justifié, et dépenser le moindre effort pour un poids inutile serait de l’idolâtrie. La route est un chemin de simplicité, d’abandon et de confiance.

Dans un chapitre, petit groupe de pèlerins qui marchent dans une même direction, il y a celui qui est devant et qui trace le chemin. Et puis il y a celui qui est derrière qui prend garde que personne ne passe derrière lui. Il y a celui qui tire, et il y a celui qui pousse. Les deux sont aussi importants pour la bonne marche et l’unité du groupe. Chacun à sa manière est au service de l’autre. Chacun à sa place est au soin de l’autre.

La confiance est essentielle dans le geste d’Henri, et l’expérience du pèlerinage n’est pas étrangère à cette expérience de confiance.

Henri a été dirigé par les cathédrales sur son chemin, et formé à l’abandon et à la confiance par son expérience de pèlerin.

Missio : amitié, prière, formation, action

Extrait vidéo :
« Et au terme de leur voyage, ils découvriront la joie.
Joie de donner, pour recevoir.
Joie de souffrir, pour offrir.
Joie d’aimer, pour aimer. »

Interrogé par Marguerite Aubry, Odon de Cacqueray a répondu dans L’Homme Nouveau au sujet d’Henri :

« C’est son parcours qui parle à travers cet acte : il a été formé et éduqué pour réagir à ce genre de situation, qui aurait pu ne jamais intervenir dans sa vie. Il s’agit d’une préparation humaine et spirituelle. L’approche de la mort dans la religion catholique n’est pas absente dans son geste, ni l’esprit de service. Sa grande famille, les écoles catholiques qu’il a fréquentées, le scoutisme, son engagement à Missio, tout cela l’a façonné. Ses amitiés n’y sont pas non plus [pour] rien : Henri n’est pas un solitaire, et il est fidèle en relations. »

Que signifie « être formé  » ? Quelle est cette préparation humaine et spirituelle d’Henri ? On peut lister entre autre, le rapport catholique à la mort et à la vie, l’esprit de service, la famille, l’école, le scoutisme, l’engagement, l’amitié, la fidélité, et Missio.

Henri a fait partie pendant de nombreuses années du mouvement Missio dont il a été président. Missio développe la notion de chef, comme le scoutisme, mais développe aussi, et très profondément, la notion d’animateur. Il ne s’agit pas du sens qu’on entend par exemple dans l’expression « animateur de colo ». L’animateur a chez Missio un sens plus littéral. « Anima » en latin c’est l’âme. L’animateur c’est l’âme du groupe. L’animateur est celui qui, dans un groupe social, une équipe, un pays, est celui qui est une âme dans le groupe, qui fait grandir l’âme du groupe. L’animateur est la personne qui, dans une société, imprime un mouvement de l’intérieur. Ce n’est pas le chef, ce n’est pas non-plus un second. L’animateur est aussi celui qui survit aux chefs. À Missio quand tu deviens capable de transmission, soit tu es chef, soit tu accouches de chefs, encore, et encore.

Dans ma vidéo sur l’édition 2023 du pèlerinage de Chartres de Notre-Dame de Chrétienté, je disais à propos de Missio :

« Il y a le chef d’équipe, la tête, et il y a l’animateur, celui qui est le premier à obéir, à montrer l’exemple, qui possède la sagesse et l’expérience, qui est là pour entraîner l’équipe à la suite du chef et qui est là pour transmettre, y compris pour former le chef. »

L’animateur est celui qui transmet l’équipe d’un chef à l’autre. Ce n’est pas seulement à Missio que c’est important, par exemple un nouveau dirigeant qui arrive dans une entreprise va devoir, au moins partiellement, être formé par ceux qui sont déjà dans l’entreprise et qui lui sont subordonnés, c’est un exercice nécessaire de transmission pour permettre au dirigeant d’intégrer l’équipe, d’être 100% disponible et en capacité de rendre le service qui est attendu de lui.

Missio est un mouvement d’évangélisation pour les jeunes et par les jeunes. Et par évangélisation il faut aussi entendre formation et transmission. À la différence de certains mouvements, il n’y a pas d’anciens qui formeraient un bureau permanent. Toute la responsabilité est portée par les jeunes, intégralement. Missio forme à l’amitié, au courage, à la confiance, à la prière, à l’oraison, au chant, à la liturgie, au service de l’autel… Missio propose différentes activités, des retraites en abbaye, ce « repli volontaire », des pèlerinages, des camps d’hiver et des camps d’été. À Missio, un jeune de 21 ans, chef de camp, sait organiser un voyage de trois semaines à l’étranger pour 50 à 100 jeunes, affréter un ou des autocars, etc. Toute personne qui a fait un camp d’été à Missio sait se débrouiller pour dormir chez l’habitant dans un pays étranger dont il ne parle pas la langue.

Le camp d’été est un camp itinérant, donc on revient encore aux thèmes de la route et de l’équipe. Chaque équipe prépare son itinéraire avant le départ. Chaque jour quand une équipe arrive dans une ville, il y a 2 jeunes qui vont faire les courses, 2 qui vont préparer le trajet du lendemain, 2 qui vont chercher un endroit à dormir, et 2 qui gardent les sacs. Et l’équipe reproduit cela chaque jour. Chacun rend service à l’autre. Chacun compte sur l’autre pour manger, pour dormir, pour voyager, et pour garder ses affaires. Chaque jour pendant trois semaines.

Comme le scoutisme, Missio forme à l’autonomie, à l’initiative, à la responsabilité, au devoir, et à la cohésion d’équipe. Missio éveille la conscience de faire partie d’un corps social auquel on doit sa survie , où chacun, par le service mutuel et réciproque de l’autre et à l’autre, permet à l’ensemble de la société d’arriver à destination. En trois semaines de camp itinérant, dans son éducation à l’amitié, le jeune ne développe pas seulement des affinités : il apprend à se réconcilier.

Quelqu’un qui sort de Missio après quelques années est quelqu’un qui sait ce qu’est l’amitié, le service, la confiance, l’initiative, le devoir, le courage et la réconciliation. C’est en remerciement de cette formation apportée par Missio, et pour tout ce que lui a apporté Missio, qu’Henri avait fait cette vidéo.

Missio a quatre piliers : amitié, prière, formation et action. L’amitié n’est pas un flirt. L’amitié est la base de la relation sociale dans laquelle on approfondit la connaissance de l’autre, le respect de l’autre, le service auprès de l’autre, que l’on ordonne ses affections et sa fidélité. Ensuite vient la prière. Certains demanderont, pourquoi la prière est-elle citée après l’amitié ? C’est parce que la prière est une amitié avec Dieu.

Le journal L’Express nous dit à propos d’Henri et de son geste à Annecy que « La veille, il a visité la cathédrale, prié saint François de Sales ». Le journal Libération rapporte qu’Après son geste, Henri a publié sur son compte Instagram Le chant des cathédrales : « Priez pour les enfants, moi je vais bien ».

Alors l’action, même l’adolescent et le jeune adulte à Missio il a parfois du mal à voir ce que ça veut dire. En fait l’action c’est la mise en œuvre pratique de cette amitié, de cette prière, et de cette formation. Et c’est aussi par cette formation, dans cette amitié et dans cette prière que l’agir va s’inscrire.

Action parce que cette amitié, cette prière, et cette formation, elles vont ordonner l’agir. Elles vont ordonner l’agir dans le sens de lui donner un tuteur, guider cet agir, mais aussi ordonner l’agir dans le sens de faire naître l’initiative et commander l’agir. L’amitié, la prière et la formation vont préparer, demander, commander, encadrer et diriger l’agir. L’agir va obéir à l’amitié, à la charité, au devoir et à la fidélité. Action n’a pas ici le sens très restreint de l’activisme, c’est beaucoup plus large que ça. Ce n’est pas une agitation, c’est un agir.

Henri a posé un acte à Annecy, et vous en avez maintenant la preuve : Henri a été formé, et l’acte d’Henri a été préparé et dirigé par ses amitiés, sa prière et sa formation.

N’oubliez pas de vivre,

Extrait vidéo :
« Ils ne le savent pas encore, leurs pas les conduiront aux portes du Ciel.
Auprès de celui qui rétablit la misère humaine dans sa pure grandeur.
Auprès de celui qui a porté, nourrit, protégé l'innocence d’un Dieu venu sauver leur monde.

Au pied de Saint Joseph, qui leur murmure ce dernier conseil de père,
cette ultime leçon, ce grand secret :
“Votre jeunesse est le temps préféré du Bon Dieu” ! »

[Informations]

Je vous encourage à partager cette vidéo, largement, et à vous abonner, à mettre un j’aime et à laisser un commentaire, cela favorise le référencement et la diffusion de la vidéo. Je vous encourage à suivre les comptes Facebook et Instagram d’Henri Le chant des cathédrales et je vous mets le lien de la vidéo d’Henri en commentaire et en suggestion en fin de vidéo.

Missio rencontre des difficultés à organiser son camp d’été 2023 à cause de très fortes hausses des prix, notamment le prix du transport pour rejoindre le lieu de camp. Les jeunes de Missio ont besoin de 10 000 € pour boucler le budget. Ça doit faire environ 100€ par jeune qui part en camp. Si 1000 personnes donnent 10€, le budget est bouclé. Je vous encourage à faire un don parce que c’est vraiment grâce à des mouvements comme Missio et ce genre de camps que des gens comme Henri sont formés, que leur courage, leur foi, leur fidélité, leur force et leur charité sont affermis. Je vous mets le lien Hello Asso pour faire un don à Missio en description et en commentaire.

[générique]


Suivez Henri et sa page Le chant des cathédrales :

Vidéo d’Henri « Votre jeunesse est le temps préféré du Bon Dieu » :
https://www.youtube.com/watch?v=WWxplHcCYb4

Aidez Missio à organiser son camp d’été :
https://www.helloasso.com/associations/missio/formulaires/5


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https://illwieckz.net/journal/Être_formé_comme_Henri


Lecture conseillée : De Paris à Chartres une leçon de fidélité, Chartres faire de son mieux pour être toujours prêt, Chartres 2023 la transmission.

Étiquettes : Chartres, Église, Missio, Pèlerinage, Scoutisme, Vertu.


Pas de rétroliens.