Posté par Thomas Debesse le 03/06/2022 à 23:45. Licence CC by (copiez-moi !)
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Sommaire
00:00 Épisode
06:57 Pèlerinage
19:12 Ce n’est qu’un au revoir
Transcription
Cette vidéo est exceptionnellement dédiée à la mémoire d’une personne, Éric Angier de Lohéac qui est mort à 37 ans dans la soirée du 17 au 18 mai 2022, il y a deux semaines. Dans cette vidéo je voulais parler de faire toujours de son mieux et d’être toujours prêt, mais à la base je n’avais pas prévu que cette vidéo soit vraiment spirituelle. Et puis j’ai appris la mort d’Éric et je me suis dit qu’un hommage serait toujours mieux que ce que j’avais prévu.
Cécile Edel a dit en hommage à Éric que « Jusqu’au bout et depuis 12 ans, et ce malgré la rechute de son cancer à l’automne dernier, il a tenu bon et a persévéré dans son apostolat en ne cessant de porter les veillées pour la Vie et de faire croître ce grand mouvement de veilleurs ». Je parlais dans ma précédente vidéo d’aller jusqu’au bout et comment le pèlerinage est une école de fidélité dans la persévérance.
Éric était ingénieur géomètre, hydrographe, et un grand pèlerin. Pèlerin de Chartres, de Saint Jacques et certainement d’autres routes et lieux de pèlerinage. En 2021 alors qu’il revenait d’un pèlerinage à Compostelle en voilier il avait aidé un anglais à retrouver son catamaran à la dérive. Car être prêt c’est aussi être prêt à servir.
Éric était donc aussi un grand habitué du pèlerinage de Chartres de Pentecôte, c’est d’ailleurs Éric que l’on voit avec sa cornemuse dans les illustrations de l’émission de Cnews du 29 mai dernier consacrée à ce pèlerinage. Et c’est lui que l’on voit sur cette photo que j’ai prise en pèlerinage.
Car Éric était aussi un joueur de cornemuse, sur les sommets, les bateaux, l’héliport d’une plate-forme off-shore, et à pied sur les routes de Chartres où il égayait les pèlerins avec sa musique.
Certains m’ont demandé comment je suis parti à Chartres en solitaire, si j’avais un GPS par exemple et comment j’avais pu retrouver les chemins. À la base c’était un des exemples que je voulais développer dans cette vidéo pour illustrer le fait d’être prêt. Je vais développer cet exemple-là rapidement. J’ai un principe que je mets souvent en œuvre, c’est de faire les choses bien même quand personne ne va juger ce travail ou qu’il n’est pas demandé. Par exemple le fait d’écrire un rapport sur ce que vous faites même quand personne ne vous le demande. Le jour où vous en aurez besoin, vous serez déjà prêt, et pourtant vous ne pouvez pas forcément prévoir duquel vous aurez besoin. C’est ce petit principe, de faire ce geste, parfois pour le panache, qui me permet très souvent de travailler avec 4 ou 5 ans d’avance. Et là c’est quelque chose qui touche à notre devoir d’état quotidien. Faire bien son travail pour être toujours prêt, et être prêt à ce que même on ne peut pas prévoir.
Je possède ce petit gadget, c’est un traceur qui me permet d’enregistrer où je suis et que j’ai acheté à la base pour géolocaliser mes photos en croisant à quelle heure je suis à quel endroit et à quelle heure j’ai pris quelle photo. Aujourd’hui tout le monde peut enregistrer des traces GPS sur son téléphone avec une application comme OSMTracker. Moi j’avais acheté ça pour la photo. C’est comme ça que je localise mes photos en voyage, et je l’ai emmené en pèlerinage. De ces traces GPS j’aurai pu ne rien en faire une fois que j’avais localisé mes photos. L’objectif était atteint. Pourtant j’ai pris la peine de poser un petit geste qui ne m’a rien coûté sur le moment, un petit geste en plus qui n’était pas nécessaire, j’ai classé ce fichier. Et chaque année j’ai fait ce petit geste en plus dont le coût immédiat n’était pas significatif et dont l’utilité n’était pas vraiment visible.
Et en 2020, en plein confinement, quand s’est posée la question pour moi de faire le pèlerinage en solitaire, je me suis rendu compte que j’étais déjà prêt en fait. J’ai seulement copié les fichiers de traces dans mon téléphone et avec l’application OsmAnd~, la trace est apparue sur la carte et je suis parti comme cela.
Et de nombreuse fois dans ma vie cela s’est produit. Les scouts disent de faire de son mieux et d’être toujours prêt, et ça va ensemble. C’est parce que l’on fait de son mieux que l’on est toujours prêt. Et parfois même il ne faut pas hésiter à en faire un peu plus, gratuitement, ne serait-ce que pour la gloire, le panache, le petit truc en plus, car en cela on n’est pas seulement prêt, on sème la chance pour notre futur soi. On est directement acteur de la providence. C’est comme cela qu’en 2020 je suis parti sans préparer mon chemin, j’étais déjà prêt. Je n’ai jamais eu le projet d’inventorier les itinéraires, mais j’avais les traces et j’avais pris la peine de les classer. Je ne pouvais pas imaginer que nous serions un jour confiné et que le pèlerinage serait suspendu pendant deux ans, mais j’étais prêt.
Éric était de ceux qui m’avaient suivis et encouragés par les moyens numériques dans mes pèlerinages solitaires en 2020 et en 2021. J’avais publié des notices sur les réseaux, relatant là où j’en étais, les difficultés que je traversais, des rencontres avec certaines personnes, et quelques contemplations de la beauté de la création que l’on a pas vraiment l’occasion d’expérimenter lorsque nous sommes 10 000 marcheurs. Et avec plus de temps pour observer autour de moi j’ai remarqué que depuis Paris jusqu’à Chartres, le chemin est balisé chemin de Compostelle. Je l’avais déjà remarqué à Chartres mais en fait tout le long du chemin c’est indiqué, même la coulée verte est un chemin de Compostelle. Sans le savoir, vous faites aussi la première étape vers Compostelle, vous êtes déjà prêt.
Je me souviens d’Éric en particulier pour une conversation que j’ai eu avec lui, à son initiative. En fait il s’inquiétait de moi parce, que disait-il, j’avais les mêmes symptômes que lui avec sa tumeur cérébrale. Alors je vous rassure et je l’ai rassuré, j’ai fait des IRM et aucun médecin n’a jamais dit que j’avais une tumeur cérébrale. Mais cette inquiétude d’Éric et son partage d’expérience comparatif m’ont beaucoup aidé parce que ça m’a permis d’évaluer ce que je vivais et notamment de pouvoir placer certaines choses sur une échelle. Et de le voir me dire que ceci est comparable à cela a été essentiel pour moi pour comprendre certaines situations dans lesquelles je vivais et pour m’aider à me défendre et à me protéger. Ce qu’a fait Éric était gratuit, il l’a fait de son mieux, c’était pas grand chose, et ça m’a aidé à être mieux préparé dans certains combats, et à me protéger plus efficacement.
En mai 2021 avant son pèlerinage à Compostelle en voilier Éric avait publié, accompagné de photos de Chartres, un poème de Charles Péguy sur Chartres. Je vous le lirai une autre fois.
En attendant, voici un montage de ma marche de 2021, que je dédie à Éric, et je terminerai par un petit morceau bien connu joué par Éric.
N’oubliez pas de vivre.